Ses plus farouches opposants - et dieu sait qu'il y en a - vont avoir du grain à moudre : Camille passera par Grenoble en novembre. Véritable ovni dans une nouvelle scène française policée à l'extrême, Camille a su, en trois albums, réinventer un langage musical à la façon des plus grands. Son travail s'apparente ainsi à ce qu'est la cuisine moléculaire : déstructurer pour mieux assembler, reconstruire, recréer. Son dernier album Music Hole, physique, aux instrus minimalistes, poursuit en anglais cette idée simple amorcée sur son somptueux Fil : faire de la musique avec envie, sans prise de tête plombante mais avec une recherche quasi sacrée de la perfection et de la richesse sonore. Le tout en parlant des canards sauvages, de Mariah Carey et de la météo marine... Si sur CD, le travail Camille peut en laisser certains de marbre (les goûts et les couleurs, ma p'tite dame), sur scène, cette ambition esthétique prend tout son sens. Pour sa dernière tournée, elle n'est ainsi accompagnée que d'un simple piano, et de toute une clique de “musiciens corporels et vocaux”. Des artistes adeptes du frappement de corps et du beat box, tel Sly du Saïan Supa Crew ou encore Ezra. Promis, ça déménage sec, comme dans les meilleurs concerts de Björk (la filiation saute aux yeux en live). La preuve, s'il en fallait une : on a vu Camille cet été à Lyon dans le cadre des Nuits de Fourvière, et on ne s'en est toujours pas remis. AM
CAMILLE
les 13 et 14 nov, à la salle de création de la MC2
