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«Présupposer l'égalité»
Par François Cau
Publié Mercredi 17 septembre 2008
Entretien / Auréolés d’une Palme d’or surprise avec «Entre les murs», Laurent Cantet (réalisateur) et François Bégaudeau (acteur) s’apprêtent à passer le grand oral du public avec un film aussi rusé qu’intelligent. Propos recueillis par Christophe Chabert
Laurent Cantet : Je n’ai pas la moindre idée du pourquoi je fais un film plutôt qu’un autre. C’est un jour un sujet sur lequel je commence à réfléchir, qui en amène un autre, et d’un seul coup, j’ai l’impression d’avoir envie d’y réfléchir pendant les trois ou quatre ans que vont durer la préparation et le tournage. Après il y a des convergences, l’envie de donner des nouvelles du monde dans lequel on vit, de montrer des personnages en essayant d’être le plus proche d’eux, de montrer le groupe et la difficulté pour y trouver sa place…Ce n’est jamais la forme que cela peut entraîner, par exemple ici l’improvisation avec les acteurs ?
LC : L’origine du film n’est pas là. Après, j’ai toujours pensé que faire un film c’était trouver le dispositif de fabrication approprié à chacun. C’est vrai que mon premier court-métrage, Tous à la manif, était fait un peu comme Entre les murs, avec une bande de lycéens à qui j’avais laissé pas mal d’espace dans l’écriture. J’avais le sentiment d’avoir trouvé un début de méthode que j’ai peut-être retrouvée cette fois. C’est vrai aussi que le fait d’avoir tourné en HD des scènes dans leur longueur, leur dynamique, leur énergie, quitte à monter beaucoup ensuite, est quelque chose vers lequel j’ai envie de repartir dans mon prochain film.Vous avez pensé prendre un acteur professionnel pour le rôle de François ?
LC : L’acteur professionnel a tout de suite été écarté. D’abord, j’ai rarement été convaincu par les scènes de classe avec un acteur professionnel. Il y a une habitude de ce genre de sport que seul un prof, avec son expérience, peut incarner. Ce qui m’avait intéressé dans le roman, c’était d’une part tout ce que ça me dit de cette classe, et d’autre part le personnage du prof et sa manière d’être face à cette classe ; ça me paraissait très difficile de le demander à un autre prof qu’à François.Vous, François, vous vous considérez comme acteur ?
François Bégaudeau : Oui, au même titre que tous les gens qui apparaissent dans le film. La seule différence c’est que moi j’apparais beaucoup plus souvent qu’eux. En tant que spectateur et en tant que critique de cinéma, j’ai toujours pensé qu’à partir du moment où il y a un corps devant une caméra, il y a un acteur. Le film joue sur une équivoque entre la captation pure et quelque chose de plus travaillé. Je sais que pratiquement tout ce qui est dans le film a été fait deux fois, sauf certains moments très précis qui sont de l’improvisation pure : le moment où on passe en revue avec les gamins ce qu’ils ont appris dans l’année, par exemple. On a vraiment joué ça : je leur ai demandé ce qu’ils avaient appris dans leur vraie quatrième. Mais la plupart du temps on a beaucoup rejoué.Votre supériorité sur les autres, c’est votre rôle de coscénariste : vous pouviez insuffler de l’écriture dans les dialogues, rebondir sur les improvisations…
FB : Ce qui m’occupait le cerveau sur le tournage à 90%, c’était ça : être le meneur de scène après m’être concerté avec Laurent sur l’endroit où l’on voulait aller. Le prof que j’étais dans les scènes dirigeait la tenue du dialogue de l’intérieur. C’est ce qui m’occupait : que les scènes se déroulent à peu près comme on voulait qu’elle se déroule.L’idée de l’autorité est montrée dans le film comme une arme de défense du prof mais qui peut se retourner contre lui…
LC : Ce qui m’intéressait c’était de montrer un prof qui au départ se base sur l’idée d’un contrat égalitaire avec ses élèves : vous avez le droit de me répondre sur le même ton, je ne suis pas celui qui sait tout… Le contre-exemple, c’était Le Cercle des poètes disparus, un prof omniscient, avec toujours le mot juste, un pouvoir de séduction. En même temps, François dans le film sait que c’est une illusion, mais il essaie de travailler de telle manière que ce soit jouable. Au bout du compte, le prof a toujours le dernier mot, mais il n’a pas forcément envie de l’assumer. Le système scolaire l’oblige à avoir ce dernier mot.FB : Il y a une poussée fictionnelle et dramatique dans le film qui n’était pas dans le roman. Le prof dans le film est beaucoup plus friable et sa méthode se retourne contre lui. Dans le roman, je m’étais refusé de montrer les moments de plénitude du prof, je n’avais montré que les moments où il était en difficulté, pour éviter effectivement le côté Cercle des poètes disparus. Dans le roman, il y avait une phrase où le narrateur disait qu’il se rendait compte qu’une de ses élèves était «socialement foutue». Une chose est de dire que certains élèves vont aller sur des voies de garage, une autre est de présupposer que non. Le philosophe Jacques Rancière le disait : «il faut présupposer l’égalité». On sait que l’égalité n’existe pas, que certains gamins sont intelligents et d’autres moins. Certes ! Mais il faut faire comme si, il faut traiter tout le monde à armes égales, et ensuite le social fera son boulot monstrueux qui est de remettre tout le monde à sa place.Le film se refuse à émettre des vérités définitives sur l’école. Et pourtant, vous allez devoir gérer des récupérations politiques de droite comme de gauche…
LC : Je pense qu’à partir du moment où les gens voient le film, ils ont plus de mal à dire des choses définitives. Darcos a parlé le soir de la Palme, mais quand il a vu le film, il a étrangement disparu…FB : Il faisait moins le malin !
LC : Je pense que le film donne une image complexe où personne n’a raison ou tort. Je n’ai pas la prétention de dire que tel modèle sera le bon et tel autre ne marchera pas. Un type comme Finkielkraut ne va pas être content de ce qu’il va voir dans le film !
FB : Ah, oui, mais Finky, il décolèrera pas ! Jusqu’à la fin de ses jours ! Je ne sais pas s’il ira le voir… Mais comme il est très maso, il adore s’approcher des trucs qu’il déteste !
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