Musique / Figure marginale d'une scène rap française en grande partie accro aux lieux communs, James Delleck développe avec bonheur sa singularité lyricale et musicale depuis plus d'une dizaine d'années. Grandi à Vitry, en banlieue parisienne, le rappeur fait ses premières gammes au milieu des années 90, mais se retrouve vite à l'étroit dans une scène dans laquelle il ne se reconnaît plus. Quelques années plus tard, il substitue à cette dernière une famille d'adoption composée d'individualités éparses, fine fleur de ce qui deviendra, une mixtape mythique plus tard (L'Antre de la folie, en 2000), la fameuse scène rap alternative française. TTC, La Caution, Fuzati, Cyanure, Hustla, Triptik, Svinkels... Associant flows sophistiqués, instrus flirtant avec l'électronique, lyrics alambiqués bourrés de références contre-culturelles, et goût revendiqué pour l'absurde et l'ironie, ses acteurs vont rapidement marquer leur temps. En solo (Acouphène) ou accompagné (Gravité zéro, L'Atelier...), Delleck s'impose comme un rappeur/producteur unique et audacieux, et conquiert rapidement un public de fans avide d'intelligence et d'expérimentation. En 2005, sort Gravité Zéro RMX, version reliftée du concept album orienté science-fiction de James Delleck et Le Jouage, passé entre les mains des meilleurs producteurs électro-hip-hop du moment (dDamage, Radioclit, Abstrackt Keal Agram...). Un point d'orgue qui sonne également la fin d'une époque : TTC parti à la conquête des charts et des clubs, le reste de la scène commence à méchamment à tourner en rond. Avec son premier véritable solo, Le cri du Papillon, sorti en 2007 sur le label Tôt ou tard, James Delleck renoue néanmoins avec la flamboyance de ses travaux précédents, et brûle la scène avec une énergie renouvelée. Comme il devrait de nouveau le démontrer ce samedi soir, dans une salle qu'on espère vivement comble.
Damien GrimbertJames Delleck, Karlit & Kabok, et Ghostown,
sam 4 oct à 21h, à l'ADAEP