Au-dessous du volcan

John Huston Carlotta

Alors que sa carrière n’est pas au mieux de sa forme, John Huston la relance en 1984 pour une dernière ligne droite (il ne signera que deux autres films, formidables d’ailleurs, avant de mourir) avec cette adaptation du livre mythique de Malcolm Lowry. Un défi car il était réputé inadaptable et avait fait le tour des studios pendant deux décennies (cf la préface de Patrick Brion sur le DVD). Le challenge est relevé haut la main, notamment au niveau du scénario qui transforme les monologues du consul alcoolique et défroqué Geoff Firmin en aphorismes désespérés lancés à la face du monde. Sa femme l’a trompé avec son demi-frère avant de disparaître, puis de revenir, toujours amoureuse mais désemparée par la détresse de cet homme en pleine noyade. Errant dans un Mexique crépusculaire à la veille de la deuxième Guerre Mondiale, Firmin est un pantin en sursis, accroché à ses bouteilles comme à une bouée percée, et l’interprétation grandiose d’Albert Finney rend le personnage parfaitement crédible et émouvant. L’éthylisme au cœur du film est retranscrit par Huston dans une mise en scène flottant entre classicisme et modernité. Les scènes finales dans le bordel sont un fabuleux tour de force, transpirant la crasse et la corruption, faisant pressentir l’issue inéluctable de cette dérive au pays des morts. «No se puede vivir sin amar»… CC

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