A peine sorti des balances pour son concert du soir, Keziah Jones nous a accordé quelques minutes d'entretien. Ce qui est carrément sport de sa part. Propos recueillis par François Cau
Keziah Jones : Black Orpheus était une manière d'arriver à ce que je voulais, mais j'ai souhaité procéder différemment, trouver des façons plus modernes de retranscrire ma vision de l'Afrique contemporaine. Avec le recul, j'aurais tendance à dire que Black Orpheus n'était qu'une tentative, que Nigerian Wood, avec des morceaux comme 1973 (jokers reparations) et African Android, est plus fidèle à ce que j'avais en tête. Justement, les paroles du morceau 1973 (jokers reparations) sont beaucoup plus directes que sur le reste de l'album...
Oui, j'avais besoin de ce renversement de point de vue pour évoquer tous ces sujets essentiels, montrer comment les lois économiques occidentales affectent les pays africains, les condamnent à la pauvreté en dépit des aides apportées par les ONG... Le genre de sujet pas vraiment aisé à tourner en poésie, mais j'ai contrebalancé cet aspect par une approche mélodique plus poussée.En amont de la préparation de cet album, vous êtes retourné au Nigeria...
Déjà, ça m'aide à remettre les choses à plat, et surtout à être plus au fait de la situation réelle sur le continent africain. En Europe, on ne sait que ce qu'on veut bien nous dire ; au Nigeria, mes neveux me tenaient au courant de tout ce qui se passait pendant que j'étais sur place, les scandales politiques, les affaires de corruption, les brutalités policières... Tous ces éléments rendent ma musique plus concrète, plus ancrée dans cette réalité. Comment donnez-vous vie à l'album sur scène ?
Je fonctionne sur la forme d'un power trio assez classique, sans nécessairement penser à reproduire tous les complexités de Nigerian Wood, ça donne aux compositions une tournure beaucoup plus rock.