Bellamy

De Claude Chabrol (Fr, 1h50) avec Gérard Depardieu, Clovis Cornillac, Jacques Gamblin…

«Terminus en gare de Sète» : dans un raccourci rigolard, Claude Chabrol commence son dernier film par une fin funeste, cadrant dans un panoramique la tombe de Georges Brassens et une voiture calcinée en bord de mer, son conducteur décapité à ses côtés. Quelques minutes plus tard, l’apparition du commissaire Bellamy, plus pépère que Navarro et Derrick réunis, laisse entendre que le polar promis sera remis à un autre film. Il y a bien un crime, mais l’assassin, joué par un Jacques Gamblin guignolesque et inspiré, avoue tout de suite, et la vague enquête se traîne entre un repas sardonique chez un couple gay et une querelle entre époux à la maison. Il faut donc regarder ailleurs, vers la relation entre Bellamy et son demi-frère Jacques (Clovis Cornillac, en grande forme), faite de rivalité, de jalousie, de remords et de regrets. Dans ce drôle de film anti-dramatique, au sens où tout événement est noyé dans un quotidien terne et morne, Chabrol suggère au spectateur que l’homme est ainsi fait qu’il ne s’intéresse qu’à l’anecdotique et loupe ce qui dans une vie en constitue l’essentiel. Bellamy préfère la souffrance du criminel à celle de ce frère paumé, son rôle de flic à son rôle de chef de famille. Cela devrait être passionnant, mais la platitude qui a envahi la réalisation du cinéaste depuis Merci pour le chocolat procure surtout un indéfectible ennui. Reste Gérard Depardieu, monumental, drôle et émouvant, de retour au sommet après des années d’errance ; il confère au film cette sincérité touchante qui lui manque tant par ailleurs.
Christophe Chabert

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