Revanche

De Götz Spielmann (Autriche, 2h01) avec Johannes Krisch, Andreas Lust…

Dans un bordel viennois, une petite frappe noue un amour désespéré avec une prostituée. La chair est triste, le quotidien étouffant, les pressions incessantes, la violence semble être la seule porte de sortie. Dont acte : Alex embringue Tamara dans un braquage. Tout irait pour le mieux si un flic ne se trouvait dans les parages, et tuait la jeune fille d’une balle perdue. Fou de douleur, Alex part se planquer dans la ferme de son grand-père, avant de réaliser que parmi ses nouveaux voisins se trouve le tueur de sa compagne… La première partie du film nous fait redouter le pire : au gré d’une impudeur crasseuse et d’une mise en scène statique ne tournant jamais le dos au sordide, on cède à la facilité en rapprochant cette (longue) installation des (pénibles) travaux des compatriotes de Spielmann, Michael Haneke et Ulrich Seidl en tête. Mais dès que l’action se délocalise dans une campagne dont l’apparente quiétude apparaîtra bientôt viciée, le ton change sensiblement pour se muer en un drame psychologique, recelant infiniment plus de tensions que la rapide embardée dans le cinéma de genre qui la précédait. Le réalisateur se joue dans nos attentes, installe un rythme lénifiant propice à de fulgurantes montées de stress, confronte ses personnages brisés à leurs démons dans une atmosphère mortifère. Si le récit n’en finit pas de suinter le désespoir, Spielmann s’attache à disséquer les pulsions de vie de personnages aux doutes tangibles avec un regard évitant toute complaisance, tout misérabilisme bon teint, et livre de saisissantes séquences où la mécanique des émotions n’en finit pas de s’enrayer.
François Cau

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