On achève bien l'électro

On achève bien l'électro

L'association Hadra, dédiée à la promotion des esthétiques trance, a dû renoncer à son festival estival faute de lieu et de soutien adéquats. Mais ses forces vives gardent le cap et proposent avec Eclectique deux soirées hautes en couleurs, faisant gentiment la nique à un contexte national carrément morose...François Cau

On pensait que le temps ferait son office, que la normalisation de l'image des musiques électroniques via ses manifestations phares - désormais majoritairement sous tutelles publiques - pourrait changer la donne. Mais non, l'électro suscite toujours autant de circonspection, dans un climat culturel national marqué par les restrictions en tous genres, et ne tendant pas vraiment à encourager les initiatives atypiques en dehors de cadres préétablis. Et, c'est un fait, les privés caressant le fou désir d'organiser des festivals ont de plus en plus de mal à mener à bien des projets pourtant soucieux de jouer le jeu de la légalité, de la sécurité, et of course, de l'émulation artistique tous azimuts. A ce titre, le travail mené par l'association Hadra via son événement majeur (le Hadra Trance Festival) se fait le témoin vibrant d'une approche on ne peut plus responsable, bien éloignée des clichés tenaces accolés à la scène électronique dans son ensemble. Une logistique carrée, un travail de sensibilisation conséquent en amont, un professionnalisme à tout crin qui, dans un monde parfait, serait une profession de foi suffisante. C'est malheureusement loin d'être le cas.A la recherche du site perdu
Alors oui, certes, un événement trance qui se respecte (comme l'explique Benoît en interview ci-contre) s'organise en extérieur, favorisant avec une déconcertante facilité l'amalgame avec les free party. À charge dès lors aux forces de proposition d'assurer à tous les niveaux une pédagogie permanente, de convaincre du bien-fondé de la démarche. En fonctionnant de la sorte, Hadra a pu dans un premier temps organiser son festival dans la commune de Chorges, avant qu'un changement de l'équipe municipale ne mette court à l'expérience. Le repli se fera vers Pontcharra, avec bonheur, même si la réalité du site et surtout sa sécurisation en fonction des nouvelles normes draconiennes présage de l'impossibilité de sa reconduction – il faudrait 80 000 euros pour assurer le coup, ce qui sur un budget de 210 000 euros fait tout de même un peu mal... Hadra part donc en 2009 à la recherche d'un nouveau site dans toute la région Rhône-Alpes, battant le rappel des préfectures et autres collectivités locales. Après une valse des portes closes, une réponse positive semble émaner de l'ADDIM, structure drômoise de soutien au développement artistique, avant qu'un vote du Conseil d'Administration ne coupe court à cette idée. Interrogée par nos soins, Christine Priotto, conseillère générale drômoise déléguée à la culture et membre de l'ADDIM, est sur la défensive, consciente que «les musiques électroniques sont un sujet sensible». Elle assure n'avoir rien contre ces esthétiques, et affirme que «le département n'a pas identifié la nécessité de développer un événement autour des musiques électroniques». Et le Hadra Trance Festival de rester le bec dans l'eau. La dernière croisade
En lien avec Technopol, association “historique“ de soutien à la culture électro (à qui l'on doit l'organisation de la Techno Parade), Hadra lance fin juillet un appel à témoignage sur les difficultés rencontrées par les organisateurs privés. Et il s'avère que ses démêlés ne constituent pas un cas isolé cette année. Le festival Elektro Circus de Carpentras, malgré toutes les concessions accordées à la mairie tant sur la logistique que sur la ligne artistique, se voit refuser la tenue de sa sixième édition. Et de son côté, le festival Electro Clique se voit toujours bouté hors de Besançon – Vincent, de l'association organisatrice Citron vert, nous explique : «On veut faire découvrir l'électro et les arts numériques dans des lieux publics, on ne vise pas à se cantonner à la production, à faire des soirées payantes à 25/30 euros. Notre association a sept ans, on a eu très tôt le souci d'organiser des événements légaux, réglementés, on a joué le jeu mais on a toujours les mêmes fins de non-recevoir. Comme si on voulait nous faire retourner dans les bois...». Les cas de l'Hadra Trance Festival, d'Elektro Circus et d'Electro Clique ne sont pas anecdotiques : nous avons affaire à trois structures organisatrices responsables, volontaires, s'accordant systématiquement à des contraintes légales de plus en plus restrictives pour les événements liés aux musiques électroniques. Et qui surtout, ne se laisseront pas décourager ; Hadra poursuit ses activités, avec notamment cette semaine deux jours de festivités à l'Ampérage (voir ci-contre), et ses représentants rencontreront l'élue à la culture grenobloise Eliane Baracetti (qui réaffirme le soutien de la municipalité à l'association, en reconnaissant notamment la qualité de son action) d'ici quinze jours pour faire le point.

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