Déflagrations en fin de journée

Déflagrations en fin de journée

Annoncée avant les vacances, pendant que personne s'y attendait, la programmation du festival Rocktambule, tous styles confondus, nous enthousiasme au plus haut point. Et c'est un motherfucking euphémisme.François Cau

On le reconnaît sans problèmes : on a souvent fait les fines bouches devant les sélections musicales des précédentes éditions de l'événement. Pas assez de rock, trop d'artistes déjà vus et entendus, manque de prise de risques... Quasiment chaque année, on trouvait quelque chose à redire, en bons pisse-vinaigre assumés. Mais là, en parcourant le programme du festival Rocktambule cuvée 2009, on l'a fermé, et on a levé des yeux embués de larmes de reconnaissance vers le ciel. En laissant de côté des projets à la logistique complexe et aliénante (notamment l'ambitieux Mur du Son, mutualisation d'une dizaine de salles de la Région pour des concerts simultanés), en privilégiant des formations à l'efficacité scénique monstrueuse et, pour la plupart, jamais vues dans nos contrées, Rocktambule recentre sa ligne éditoriale de la meilleure façon possible. Et nous dispense bon nombre de promesses de concerts mythiques, notamment dans un registre hip hop qui n'avait pas été aussi bien servi de par chez nous depuis des temps immémoriaux.L'Empire contre-attaque
Avant d'y revenir de façon conséquente dans nos numéros d'octobre, on peut déjà vous indiquer avec force coups de coudes et clins d'œil nos favoris. Parmi les plus fameux, on commence très fort avec Alec Empire, ex membre de l'abrasif combo indus Atari Teenage Riot, qui devrait secouer la Faïencerie de ses compos mastodontes et de ses tonitruants «Are you ready ?!» ; Dominique A, bête de scène au charisme sensible et à l'écriture majestueuse qu'on ne devrait plus présenter dans un monde parfait, électrisera quant à lui la Maison de la Musique de Meylan ; et Oxmo Puccino, comme à sa délicieuse habitude, nous rappellera qui est le daron définitif du hip hop français d'aujourd'hui, grâce à sa présence et à son bagout d'obsédé textuel. Les étourdis qui ont loupé l'excellent live de Jil is Lucky cet été au Cabaret Frappé pourront se rattraper au Grand Angle (avec un peu de chance, ils pourront zapper le concert de Renan Luce – que voulez-vous, on ne peut pas s'empêcher d'être mauvaise langue...), et les amateurs de musiques électroniques auront tout loisir de sortir des bois pour se fader avec gourmandise la soirée mémorable du 23 octobre au Summum avec Kiko, Supermayer, Popof, Paul Kalkbrenner ou Dani Llonga, puis, dans des esthétiques moins immédiatement percutantes, la soirée du lendemain au même lieu. Chargés à bloc
Les plus grosses surprises seront à dénicher du côté de la salle L'Ampérage (ex ADAEP, on le rappelle une dernière fois), à qui échoie l'auguste honneur d'accueillir les concerts les plus attendus par nos soins. Dans un premier temps, on savourera le rock furieux des Firecrackers et Rodeo Massacre et leur revival garage tout sauf poussiéreux. Il faudra ensuite attendre une semaine avant d'enchaîner les grosses baffes sonores qui, ce n'est franchement pas pour nous déplaire, embrasseront à pleine bouche les différents spectres du hip hop. Le 22 octobre, place aux représentants américains d'un rap pratiquant le mélange des genres avec bonheur : Dälek avec ses influences noise rock aux circonvolutions planantes, et Oddateee, qui posera son flow imparable sur ses productions fleurant bon le vintage remis au goût du jour. Le lendemain, l'Ampérage verra sa scène envahie par le flow agréablement décalé du petit français Jonaz, dont le personnage de loser agressif devrait faire des merveilles (on vous incite à jeter une oreille à son désormais fameux Cekika, où il s'interroge avec une adorable ingénuité sur l'électorat du président de la République française), et chauffer la scène pour un autre MC barré venu de Californie, l'excellent Bus Driver, qui a le bon goût de nous livrer des lyrics invariablement jouissives, avec un art consommé du non-sens qui fait mouche, le tout soutenu par un débit qui laisserait n'importe quelle personne normalement constituée sur le carreau au bout de trois couplets – allez donc découvrir son univers avec son clip de Casting Agents and Cowgirls, vous nous en direz des nouvelles. Comme si ça ne suffisait pas, le 24, la salle vibrera au son des nouvelles compos atomiques des blancs-becs californiens de Lexicon (en gros, si vous traquiez les dignes successeurs des Beastie Boys, ne cherchez plus, ils sont là), puis, dans un registre peut-être moins jubilatoire mais tout aussi hallucinant, on n'oubliera pas de se prendre une grosse claque avec le live de Subtitle. Voilà pour notre sélection ; un dernier conseil : prenez des forces, cette longue semaine va être intense. RocktambuleDu 13 au 24 octobre, lieux divers

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