Elles sont trois sur scène. Deux chanteuses de cabaret aussi affriolantes que pataudes et leur pianiste introvertie coincée dans sa robe d'un rouge trop criard pour elle. Ensemble, elles ont monté un petit spectacle de chansons... Oh, trois fois rien... Juste la reprise de quelques standards (Piaf, Dietrich, les Andrews sisters...), comme ça, le plus simplement du monde... Pour faire plaisir au public, en somme...
La jeune compagnie grenobloise Les Chatoyantes, pour sa première création, a choisi une forme pour le moins originale : la mise en abyme. Soit un spectacle sur un spectacle en train de se jouer. C'est franchement jubilatoire de voir nos duettistes, stressées, dépressives – voire un brin alcoolisées –, essayer de respecter leur partition coûte que coûte, apostrophant discrètement l'autre lorsqu'elle se vautre. Ce qui en devient touchant, puisqu'elles arrivent tout de même à transmettre une émotion non feinte.
Le Disque usé devient alors une très jolie revue sur les rêves et la féminité – ah, la pianiste ! – qui se bonifie avec le temps, les rôles s'affinant, prenant de l'ampleur (nous l'avons déjà vue deux fois depuis sa création l'année dernière au Conservatoire de Grenoble).
À noter que les Chatoyantes se produiront cette fois-ci à la Guinguette de Fontaine : un bar minuscule qui accueille à la roots une dizaine de spectacles jusqu'en décembre. Et un lieu idéal pour retranscrire l'ambiance conviviale d'un cabaret de velours corrosif comme celui-ci.
Le Disque usé, du 4 au 6 février à 20h30, à la Guinguette (Fontaine)