Chanson / Les deux bretonnes de Mansfield Tya nous surprennent avec des ballades heurtées et étrangement allègres. Deux personnalités marquées aux univers bien distincts : l'un rock et l'autre classique. L'une chanteuse - à ses heures perdues – du groupe moqueur et détendu Sexy Sushi, et l'autre violoniste, plutôt adepte de Bach. La Bobine accueille le duo avec son nouvel album Seules au bout de 23 secondes. Comme dans le précédent, June (pour June Mansfield, la muse de l'écrivain Henry Miller : oui, la référence est récurrente), on note le changement incessant d'une langue à l'autre – anglais et français – symptomatique d'une musique à l'identité non figée. Sous la mélancolie se dissimulent légèreté et innocence, derrière l'entrain un désespoir dont la béance apparaît seulement subrepticement. La voix de la chanteuse, claire et mystérieuse à la fois, illustre bien l'ambivalence de la force qui anime leurs chansons : calme et puissance. Un rock feutré emporté par des fulgurances au violon, habillé de textes rythmés à souhait, faisant honneur à l'humeur équivoque émanant de la musique. L'atmosphère, parfois sombre, n'est pourtant jamais pesante. A ce titre, on vous conseille I'm the woman, libre d'écoute sur leur Myspace. Et si certains morceaux nous paraissent un peu plus maladroits que d'autres, force est de reconnaître qu'ils sont tous empreints de cette même fougue salutaire fort appréciable et, dirons-nous, plutôt rare.
Laetitia Giry
Mansfield Tya
vendredi 6 novembre à 20h30, à la Bobine