Impassibles

Exposition / Portraits figés jusqu’au mutisme, poses redondantes, traits réalistes : autant de points communs entre le travail d’Alex Katz (vu au Musée de Grenoble cet été) et celui de l’artiste exposé au Vog. Une parenté qui se dissipe pourtant si l’on analyse mieux les tableaux d’Anthony Vérot. Car l’artiste développe un univers personnel et contraint, hanté par la répétition et envahi de détails ourlés d’un coup de crayon, baignés dans des tonalités sobres (gris, beige), à la propreté objective et picturale étonnante. Impressionnant de maîtrise, obsessionnel dans la multiplication et l’acharnement à exacerber les détails de la peau, l’artiste semble en recherche d’un vide à réincarner. Muni de pinceaux ou de crayons de couleur, il donne chair à ses portraits avec pour tout support visuel une photographie de son modèle ; auquel il demande de glacer son regard, de ne manifester qu’un minimum d’expression le temps du cliché. Planté dans l’objectif, en prise direct avec le regard du public, c’est un même œil qui nous nargue et crée le trouble. La démesure des tableaux, atteignant des dimensions parfois extravagantes, participe de la célébration du pouvoir de la peinture comme acte indépendant du réel. Dans leur sécheresse et leur pragmatisme, les titres soulignent l’attache factice à ce réel, prétexte au plaisir de peindre : du pur descriptif (« Profil ») au simple nom cité, l’économie de mots est patente, et crée le besoin de l’image. La reproduction des différents visages, effectuée avec une régularité quasi morbide, engage le public à se frayer un chemin interprétatif des plus libres. Emotions en option.
Laetitia GiryAnthony Vérot
Jusqu’au 19 décembre, au Vog

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