Musique / Issu des arcanes de l'underground grenoblois, Gunslingers est un groupe de rock au statut éminemment paradoxal. Du style à enchaîner des tournées marathon d'un mois et demi sur les côtes Est et Ouest des Etats-Unis, alors que 99, 9% du public grenoblois n'a jamais entendu parler d'eux, et à sortir des albums acclamés par la critique spécialisée sur l'un des labels d'avant-garde les plus pointus d'Europe (le germanique World In Sound) sans que personne ou presque ne soit au courant à domicile... « C'est une bataille constante » résume Grégory Raimo, centre névralgique de la formation créée fin 2005 sur les cendres d'autres projets, « mais c'est vrai qu'on aime bien les choses sans compromis, en décalage... On est passionnés par tout ce qui est mouvements d'avant-garde, manifestes, que ce soit en cinéma, en art, ou en musique. C'est avant tout un ensemble d'idées, une sorte d'éthique qui va ensuite déteindre sur l'esthétique musicale. Après, on puise aussi bien dans le rock garage que le free jazz, le psychédélisme ou la musique contemporaine... Nos références sont extrêmement diversifiées... et donc pas forcément abordables pour tous. » Qu'on se rassure pourtant, nul besoin d'un bac +9 en avant-garde artistique pour apprécier à sa juste valeur Manifesto Zero, dernier opus en date du trio sorti début février, à l'immédiateté bruitiste conquérante. Et c'est d'ailleurs tout ce qui fait la beauté de la chose. Tornade psychédélique à l'énergie hypnotisante, trip lysergique syncopé tout en ruptures de ton, Manifesto Zero est tout le contraire d'un album pédant et ennuyeux, plutôt une aventure sonore dénuée de barrières et de complexes, loin, très loin du très tout-venant formaté à outrance. À découvrir !
Damien GrimbertGunslingers, Manifesto Zero (World Of Sound) disponible en vinyl et CD digipack.