Classique / La quatrième Symphonie de Gustav Mahler a ce quelque chose de réjouissant et lumineux propre à apaiser les esprits les plus torturés. Moins mélancolique que la cinquième (fameuse pour n'être pas moins que l'entêtant refrain du film de Visconti Mort à Venise), elle a été composée à Vienne à la fin du XXème siècle. L'Orchestre des Champs-Élysées, dirigé par Philippe Herreweghe, jouera cette partition rythmiquement virtuose, qui s'épanouit dans des duos de phrases mélodiques au potentiel narratif intéressant et autres fulgurances ludiques, clochettes fantaisistes à l'appui. Le charme bucolique dessiné volontairement par le compositeur au fil des quatre mouvements atteint son paroxysme dans le dernier, dont le texte aux reflets pastoraux, « La vie céleste », est chanté par une soprano (Rosemary Joshua lui prêtera sa voix ce jeudi). « Nous goûtons les joies célestes / détournés des choses terrestres [...] Nulle musique sur terre / n'est comparable à la notre. » La traduction nous donne une petite idée du contenu et montre l'élévation fantasmée de sa musique au rang d'un immatériel détaché de toute triviale attache terrestre. Par la mise en abyme d'un chant fictionnel déclamé depuis les cieux, le compositeur fait le lien avec un art total. « J'ai voulu rendre le bleu uniforme du ciel. Parfois cela s'assombrit, devient effrayant et fantastique sans que le ciel ne bouge, mais c'est cela même qui nous fait subitement peur, une terreur panique, nous saisit au milieu du plus beau ». On n'aurait pu mieux dire.
Laetitia GiryBrahms, Mahler
Jeudi 11 mars à 19h30, à la MC2