Portrait / Tandis que les années 80 et leur cohorte de mauvais goûts artistiques ne se décidaient toujours pas à agoniser, mais allaient au contraire continuer à souiller les charts français, une formation rock atypique balance en 1988 son premier album, Cupid. Kat Onoma, comme le rappelle Rodolphe Burger dans l'interview ci-contre, a mauvaise presse, du fait de son refus du consensus mou animant les parodies faisant office de rockeurs tricolores. Textes majoritairement anglais, recherches sonores exigeantes, références artistiques fouillées, autant d'apanages du rock indé américain de l'époque que la formation se réapproprie avec talent tout au long d'une discographie riche de neuf albums, qui culminera avec le sublime Live à la Chapelle. Parallèlement, Rodolphe Burger explore ses obsessions musicales en solo avec un premier album savamment torturé, Cheval-mouvement (1993). Mais c'est en 1998, avec l'incroyable Meteor Show confectionné avec Doctor L, qu'il prend véritablement son envol artistique. Un exercice d'interprétation des émotions électroniques qu'il décrit comme « une opération à cœur ouvert. Je rêvais de pousser la créativité au maximum sur toutes les opérations techniques, profiter à mort de toutes les ressources : consoles, instruments, ordinateurs... Mais d'une façon punk, du moins outrée, tout le contraire de l'autotune, quoi, sans enjoliver ni tricher. Avec Doctor L, on avait l'impression d'être comme Hendrix découvrant les pédales de disto et allant d'emblée à l'extrême. Cette expérience m'a délivré ». Pas rassasié, il multiplie les collaborations en tous genres, avec Bashung sur son sublime Fantaisie Militaire, ou sur sa variation autour du Cantique des Cantiques enregistré à l'occasion de ses noces avec Chloé Mons. Avec Jacques Higelin, Françoise Hardy, Jeanne Balibar. Oh, et il apparaît aussi dans le beau Bled Number One de Rabah Ameur-Zaïmeche, égal à lui-même. Un bonhomme discret, à l'intelligence musicale hors normes, qui n'est jamais là où on l'attend.
FC