Apatride par excès d'origines, Piers Faccini a prolongé aux sources d'un blues mondialisé sa quête d'identité internationale. Faccini ou le vagabondage comme seule appartenance. Stéphane Duchêne
Depuis lors, il ne cesse de travailler la question de l'origine, se livrant à des mariages (tout sauf gris) de tout ce qui touche de près ou de loin aux racines du folk anglais comme américain, du blues et de la chanson italienne. Un peu comme si Nick Drake, au lieu de rester enfermé dans sa chambre, était allé s'initier à la Kora au Mali, comme si Ali Farka Touré avait voulu voir Venise. On ne s'étonnera donc pas d'avoir vu Piers s'épanouir avec une égale évidence en première partie d'Amadou et Mariam ou en ouverture du prophète métis Ben Harper (qui lui a offert duos et producteur pour son deuxième album, «Tearing Sky»). Sur «Your Name no More», l'un des moments forts de «Two Grains of Sand», son dernier album, la rengaine arpente le blues le plus brut avant de se fendre de quelques flûtes arabisantes. Le tout sans couture aucune. Programme résumé sur – tout est dans le titre – «A Home Away from Home», pas de deux entre country plein sud et Afrique plein ouest, avec sa kora qui sonne comme un banjo imitant la kora. Ainsi, c'est ce haricot blanc poussé en hauteur et porté sur le negro spiritual, qui pointe sur une carte mouvante la source d'un blues qu'on croit toujours un peu vite américain de souche, quand il n'est qu'un vagabond. Et qui rappelle au passage qu'il a toujours été là, le blues, pour alléger les fardeaux («My Burden is Light») et ainsi rallonger les voyages, même immobiles.Piers Faccini
Jeudi 15 avril à 20h30, à la Bobine