Artiste électronique atypique, Nekochan compose une musique futuriste au charme vénéneux, partagée entre basses massives et mélodies singulières, atmosphères vaporeuses et chant aérien. Invitée d'honneur de la première soirée Bass Rec, ce samedi à la Bifurk, elle s'est prêtée de bonne grâce au jeu de l'interview.Propos recueillis par Damien Grimbert
Nekochan : Je suis une enfant du classique et du flamenco. J'ai grandi avec un beau-père guitariste et une mère passionnée de musique classique. Cet environnement familial m'a amenée vers le violoncelle très jeune, après quelques cours de piano vers l'âge de 4 ans. En clair, je suis tombée dedans quand j'étais petite... Malgré cette formation classique, qui dans un premier temps privilégie moins la création que l'interprétation, je ne trouvais pas un grand intérêt à jouer la musique des autres. J'ai depuis plus de facilité à exprimer ma sensibilité au travers de la composition. Ma passion pour les synthétiseurs est venue plus tard, à l'époque où j'écoutais en boucle Massive Attack et Portishead. Je trouvais ça extraordinaire de pouvoir créer un son à partir de rien. C'est de là qu'est venue ma passion pour la musique électronique. J'ai tout lâché pour ça, le violoncelle, le solfège, etc. pour me consacrer à l'électroacoustique puis à la MAO (Musique Assistée par Ordinateur, NDLR). C'est assez étrange d'avoir baigné dans ces deux milieux, l'un où le langage et l'écriture de la musique sont des règles inébranlables, l'autre où savoir lire et écrire une partition paraîtrait presque "ringard" et où pourtant tout est en train de s'inventer.Votre musique est très contrastée : directe et brut de décoffrage par moments, sophistiquée et très mélodique par d'autres...
Cela a toujours été comme ça. Je suis une véritable éponge, je me laisse influencer par ce que j'aime écouter. Cela peut aller de l'ambiant au dubstep, jusqu'à l'acid techno. Une fois ces influences digérées, mes morceaux, bien que contrastés effectivement, me paraissent très personnels. Je fais ce que j'aime, sans me donner de contrainte, je ne m'enferme dans aucune “pseudo-éthique“ liée à un genre musical, j'essaye juste d'avoir ma propre identité. En ce moment, j'écoute beaucoup de dubstep et de glitch-hop et cela se ressent, je crois. Dans mes morceaux, il y a toujours une place importante laissée à l'expression de la basse, c'est en quelque sorte un guide pour moi, une ligne directrice qui donne du sens au morceau. J'attache aussi une grande importance aux mélodies, à la recherche de celle qui me restera dans la tête. Finalement, s'imprégner des courants et des genres musicaux est une étape importante, mais l'essentiel se situe dans le plaisir que je prends à exprimer ma sensibilité. Je pense que c'est pour cela que ma musique est si contrastée.À quoi ressemblent vos lives ? Quelle forme prend votre musique ?
J'ai une configuration assez simple : un laptop, un contrôleur pour remixer mes compositions en live et bien sûr, un micro pour chanter !
C'est un live où je dois gérer mes boucles et ma voix, j'essaye donc de répartir mes tâches entre des parties où c'est la voix qui s'exprime, et d'autres où j'improvise avec d'autres éléments sonores, boucles et effets. Je pense que mes lives ne se ressemblent jamais vraiment, au final... Concernant la forme que prend ma musique, je mets la pression petit à petit, souvent des morceaux très chantés et mélodiques au début, je n'aime pas trop commencer mes lives sur une autoroute technoïde... Je préfère dévoiler les basses les plus massives par touches successives, jusqu'à l'apogée. Je me sens dans mon élément une fois sur scène, mais j'ai toujours un peu d'appréhension, je donne beaucoup et chanter en direct toute seule devant un public est parfois assez déroutant !Sur quoi travaillez-vous actuellement, et quels sont vos projets à venir ?
Je suis en pleine transition en ce moment, j'essaye de nouveaux terrains de jeu, j'explore un peu ma voix et mes synthés. À venir, une nouvelle sortie très prochainement sur Airflex Labs, et j'espère un peu plus de concerts, il paraît que je ne joue pas assez ! Soirée Bass Rec avec Nekochan, Housetone, Colonel Massue et BassFourSofa,
samedi 12 juin à la Bifurk
EP Minimal Bump (Airflex Labs) disponible en vinyl et digital.