Clair et net

Clair et net
JP Nataf a beau faire l'innocent, ou du moins l'ex-Innocents, du nom du groupe avec lequel il connut un succès certain dans les années 90, il n'en a pas moins sorti il y a quelques mois, l'un des plus beaux disques de l'année. Pas l'un des plus beaux disques français de l'année, non, non, l'un des plus beaux tout court, tous pays confondus. La chose, comme pour ne pas avancer masqué dans l'excellence, avait pour titre Clair, comme on dit vulgairement «c'est clair». Un album qui a laissé pantois ceux qui l'ont eu entre les mains et les oreilles, y compris parmi ceux qui savaient à quoi s'attendre de la part de l'auteur de Plus de sucre, son album précédent, déjà assez fameux. Un disque aussi qui, sous l'anodine apparence de ce petit bonhomme barbu et un peu sans âge, abritait des références aussi illustres que Paul Simon, Bob Dylan, Polnareff ou Yves Simon. Et un songwriter trop heureux de profiter de la liberté chérie de celui qui sait pertinemment qu'il n'a plus à chercher à plaire à quiconque (il l'a suffisamment fait avec ces Innocents tutoyeurs de hit-parades) sinon à lui-même et aux fantômes musicaux qui guettent par dessus son épaule. C'est ainsi que JP Nataf, autoproclamé «prophète du flou», noyant ainsi le poisson dans ses longs poils, a produit ce mélange de simplicité évangélique et de sophistication désarmante, de liberté absolue et de maîtrise totale. Pas manchot non plus en concert, JP a l'amabilité de se présenter Côté Saône cet été, pour le festival du même nom. En toute discrétion, comme d'habitude.
Stéphane Duchêne

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