Quand ils ne montent pas sur scène, ils jouent les maîtres de cérémonie des slams sessions à la Bobine. Avant une nouvelle scène ouverte jeudi, rencontre avec Katia Bouchoueva, alias « Boutchou » et Bastien Maupomé aka « Mots Paumés ». Quentin Pourbaix
L'émergence du Slam en 1984 dans un milieu d'ouvriers noirs de Chicago qui veulent trouver un espace où s'exprimer, la filiation revendiquée à Cassady et aux écrivains de la Beat-Generation, Bastien est incollable et passionné par sa discipline. Côté écriture, il reconnaît que ses textes lui viennent surtout du jeu sur les sonorités, et peuvent donc d'une certaine manière être assez désincarnés. «Je suis hyper cérébral, le son des mots a pour moi autant d'importance que le sens. J'écris n'importe où, n'importe quand, si quelque chose me vient. Quand j'ai le temps, je relis et j'écris à voix haute. » Pour Boutchou, l'inspiration est ailleurs. La franco-russe croit en l'inspiration, à l'inverse de son camarade de jeux de mots. « Ce sont des phrases et du ressenti. J'ai une écriture onirique, métaphorique. Mais pas seulement. ». On sent chez elle une volonté forte de ne pas être catégorisée, et une sensibilité à fleur de peau qui transparaît dans des textes viscéraux. «Le slam est une rivière qui a plusieurs sources: le conte, la chanson... Moi je viens plutôt de la poésie. J'ai fait cinq ans de théâtre semi-pro à Moscou. J'ai une culture de poésie littéraire. J'en viens et j'y reste. » Pour autant la « diseuse de texte » ne fait pas d'exclusive: « la sensibilité n'est pas la même pour tous ». D'où l'intérêt des scènes ouvertes proposées par les deux parleurs et leur acolyte, Kifftout, lors desquelles, en MC dévoués, ils « essaye[nt] de faire se croiser les publics » et les participants, pour que toutes les « réceptivités » soient servies.
Quentin PourbaixProchaine scène ouverte slam à la Bobine: jeudi 22 juillet à 20h30