The Tallest Man On Earth peut passer pour un sobriquet quelque peu présomptueux, et il faut en avoir (du courage ?) pour s'ériger en plus grand homme du monde. Mais ce suédois (comme par hasard) est loin d'être un banal petit mégalomane, manifestant plutôt dans ses morceaux une profonde humilité – complètement injustifiée vu l'étendue de son génie. Son premier opus, Shallow grave, impose immédiatement un son folk brut empreint d'une mélancolie se muant en chagrin jamais désolé : Where do my bluebird fly ? s'écoute comme une ballade tragique et tonique à la fois, The Gardener enchante avec une aisance déroutante. Si le second album, The Wild Hunt, nous semble à peine plus produit que le précédent, il est aussi plus enjoué et confirme la majesté de sa trajectoire. L'écoute du titre Love is all devrait convaincre tout réticent : l'intensité dramatique y est maintenue par la force de sa voix, dont la noble pureté ne peut que charmer. Sa venue au Ciel ce mercredi nous ferait presque croire en une force supérieure logée dans les nuages (heureux motif de ses pochettes d'albums), il serait ainsi d'usage en Islandais de s'exclamer – en hurlant si possible : « mikill ». Le choix de la langue est ici complètement arbitraire, en hommage mimétique à cette chose que l'on appelle « talent », qui ne touche pas de sa grâce tout un chacun, mais qui a mis une énorme et généreuse claque à Kristian Mattsson (son vrai nom). Pour ceux qui en seront : le retour de claque devrait tous nous envoyer très haut, très loin dans le pays même pas imaginaire du pur bonheur. LG
The Talllest Man on EarthMercredi 17 novembre à 20h30 au Ciel.