Ne nous le cachons pas, les propositions labellisées « chanson française » ne sont pas bien nombreuses à déchaîner nos passions et notre tendance monomaniaque à l'écoute en boucle d'un CD. Qui plus est dans le paysage féminin : à part Camille (reine incontestée du genre dans lequel elle officie), et Emily Loizeau (maîtresse virtuose d'un éclectisme fougueux et revigorant), qui peut se targuer et d'avoir du succès, et de créer un univers original en évitant les écueils habituels ? Eh bien, Daphné nous semblerait une réponse plutôt appropriée. Découverte par Benjamin Biolay il y a cinq ans, elle sort alors un premier album, L'émeraude, un peu timide mais préfigurant un potentiel poétique notable. Son Carmin vient faire l'unanimité en 2007, la propulsant directement sur le haut du panier aux yeux des critiques et faisant d'elle l'heureuse gagnante du prix Constantin. C'est là que nous la découvrons, elle et sa suite de titres fantaisistes, innocents et blessés, bercés de querelles proprement littéraires et chantés d'une voix enfantine mais grave : Penny Peggy, Big daddy boy et autres Petit navire s'écoutent comme autant de macarons musicaux, perles de poésie colorée. Le nouvel album, Bleu Venise, sortira ce 7 février et pourra en décevoir quelques uns (comme nous). Plus convenu, moins inventif sur les mélodies, rythmiquement monotone et nettement moins intimiste, il ne fait pas honneur aux points forts de la demoiselle : sa voix et ses textes. Lesquels quittent d'ailleurs les sphères du symbolisme pour aller vers un réalisme un peu décalé qui fait regretter l'opus précédent. Une petite déception qui ne remet cependant pas en cause le talent de Daphné. La découvrir en live – terrain toujours propice à la transcendance de morceaux un peu mous dans leur version studio – ne nous en semble que plus judicieux. Un peu de nostalgie : oui ; mais de l'espoir aussi. LG
DaphnéJeudi 20 janvier à 20h30.