Nouveau label digital grenoblois dédié à la bass music, Fullfridge (ex-Bass4Sofa) sort cette semaine son premier EP. Son fondateur Mike, alias Cloudnumber, nous en dit plus... Propos recueillis par Damien Grimbert
Mike : Par le biais de Bass4Sofa, on s'est rendus compte qu'il y avait plein de mecs dans leurs chambres qui faisaient leurs prods dans leur coin, sans prétention, sans faire de promotion... Le principe du label, c'est de cadrer ces sorties, faire des choix, diriger un peu ces artistes, mixer et masteriser les morceaux, faire des pochettes... C'est un peu le schéma inverse, je crois, de ce qui se fait en France : on prend des types partis de rien, sans image, sans notoriété, plutôt que de signer des types qui se sont déjà fait un nom sur le circuit des DJs. On veut travailler à deux niveaux : des artistes locaux que l'on suit sur le long terme, inhérents au label, et d'autres plus connus, déjà signés sur d'autres labels, qui vont plutôt faire une sortie en forme de clin d'œil, et “parrainer“ les premiers, par le biais de remixes, par exemple. Et toutes les sorties sont gratuites. L'idée, c'est avant tout de promouvoir les artistes, mais aussi les différentes personnes qui travaillent sur le label, on n'est pas dans un schéma “industriel“...Ta vision de l'activité électronique sur Grenoble ?
On a des bons producteurs, qui font des trucs qui tiennent la route, mais qui se barrent. Grenoble en fait, c'est un bon laboratoire... pour aller ailleurs. On en revient toujours, je pense, au problème des lieux. Si tu ne peux pas jouer ta musique sur place pour la promouvoir, que tu n'as plus de disquaire local pour la diffuser, comment faire pour t'exporter par la suite ? C'est une question d'offre et de demande : il y a tellement de collectifs talentueux, si peu de lieux pour les accueillir, forcément la concurrence est rude ! C'est pour ça, je pense, qu'il n'y a pas plus de labels locaux. Et c'est ce qui nous a amené à faire le choix du net : là, d'un coup, en quelques clics, tu peux créer des connexions avec des Anglais, des Japonais, des Brésiliens... Par le biais des forums, des blogs, tu as une vraie demande, un vrai brassage.La ligne éditoriale du label ?
On est un peu dans ce mouvement électronique hybride UK Garage, dubstep... Mais à l'intérieur, on essaie vraiment de créer des chemins de traverse, d'en repousser les limites : en général, tout ce qui paraît bizarre, mais légitime, on fonce. On ne veut pas se limiter à une seule lignée musicale, mais au contraire explorer toutes les différentes facettes de la bass music : ni vraiment club, ni vraiment “home listening“, mais un peu des deux.Et cette première sortie ?
C'est Housetone, un gars rencontré en soirée, qui faisait ses prods dans son coin, et dont on s'est rapproché. C'est une bonne sortie symbolique par rapport à tout ce qu'on aimerait intégrer. Musicalement, c'est assez introspectif, assez dark, mais greffé à des trucs un peu superficiels, un peu dance... C'est du sérieux dans du superficiel... ou l'inverse.