Le Ciel continue sur sa lancée rock hivernale. Après le rock chilien, sauvage et un brin ringard de Panico la semaine dernière, il accueille les Américains un peu dark de Disappears. Chaque morceau du nouvel album – excepté un – a été travaillé lors des concerts, et enregistré en une seule prise. C'est fou comme ce n'est pas étonnant, en adéquation parfaite avec la ligne identitaire que le groupe se fixe. Les quatre membres (dont Steve Shelley, le batteur de Sonic Youth – de quoi en exciter plus d'un) élaborent un rock minimaliste d'inspiration post-punk et krautrock au son plein et rayonnant. La première piste, « Superstition », ouvre ce « Guider » par une poignante agonie, révélant d'entrée de jeu le sort réservé à la voix : combattante et épuisée, elle tente en vain de gravir la montagne de sons qui s'entrelacent et se bousculent dans une ambiance garage charbonneuse. La pochette, épurée et concept à souhait – de grandes lettres noires sur fond blanc jouant la symétrie entre l'arrière et l'avant – sied bien au groupe et à son nom. Le thème de la disparition apparaît en effet comme un leitmotiv dans leur univers. Les instruments se noient les uns les autres, pour obtenir une gamme nouvelle, une amplitude qui s'étire sans plonger dans la cacophonie. Les musiciens deviennent ainsi les composantes d'un même être musical, composé par leurs soins avec la spontanéité de la transe. Du postrock sombre et inquiétant, qui devrait faire vibrer nos petits cœurs tendres de biches même pas apeurées. LG
DisappearsDimanche 13 février à 17h30, au Ciel.