MUSIQUE/ « Faciliter l'accès du plus grand nombre à la musique classique, et plus particulièrement à l'opéra » : tel est le projet du chef d'orchestre Patrick Souillot, qui monte cette année Carmen au Summum avec sa Fabrique opéra. On l'a interrogé pour en savoir plus, notamment sur ses motivations. Propos recueillis par AM
Quand on l'interroge sur ses motivations – démocratiser l'opéra –, le chef d'orchestre se fait plus virulent, livrant son analyse (discutable) de la situation. « Ça fait depuis l'après-guerre que les ministères et les collectivités essaient de diversifier les publics, mais ça ne marche pas bien. Il suffit de regarder les salles, c'est toujours les mêmes personnes que l'on voit, la même clientèle, les mêmes niveaux sociaux culturels. De notre côté, l'année dernière, nous avons fait une étude sur la fréquentation de nos spectacles : 52% des personnes n'avaient jamais vu de concert classique ni d'opéra. Alors il est évident que c'est très simple de dire ça comme l'on ne fait qu'une production par an, mais ça prouve quand même que l'on arrive à mobiliser beaucoup de spectateurs nouveaux. » Plus tard dans la conversation, il se fait carrément politique, dans tous les sens du terme, regrettant le « manque de considération » à son égard des collectivités locales (mairie en tête), dénonçant une « politique culturelle pour bobos » en faveur des « grandes institutions locales ultra-subventionnées » – on lui laisse la paternité de son analyse. Reste finalement le spectacle en lui-même, le principal. Pourquoi Carmen ? « On ne commence pas la peinture par une toile blanche avec un point vert dans un angle. Il faut donner quelque chose de décryptable immédiatement, qui procure du plaisir et des émotions. Carmen a l'avantage d'être en français : j'ai envie que les gens suivent l'histoire. » Une démarche originale à Grenoble (qui, au passage, rencontre chaque année un succès considérable), même si, derrière la façade culturelle, on devine d'autres enjeux...CARMEN
Du vendredi 25 au mardi 29 mars, au Summum