MUSIQUE/ Depuis le début de la saison, Antoine Hervé a épisodiquement investi l'auditorium de la MC2 pour des moments très jazzy. Ou plutôt des « leçons de jazz » : soit le nom de ces spectacles hybrides où le pianiste se fait maître d'école le temps d'un concert commenté dédié à un musicien ou un courant. À Grenoble, il s'est ainsi penché sur le blues et le boogie vus du côté piano, ou sur des artistes aussi variés qu'Oscar Peterson, Bill Evans et Keith Jarrett – début février, il consacra à ce dernier une soirée entière, expliquant au public le style inimitable de l'Américain, décortiquant point par point son approche du piano, mettant en pratique ses techniques directement sur scène. Car ces leçons, non dénuées d'humour (Antoine Hervé se la joue faussement gauche et tendrement attachant pour créer une complicité avec le public), sont prétexte à des morceaux de bravoure de la part du musicien, qui n'hésite pas à carrément mouiller la chemise – le final sur Jarrett était grandiose. Normal, son parcours extrêmement riche (il a notamment été à la tête de l'Orchestre national de jazz) et ses diverses collaborations (Quincy Jones, Gil Evans, Dee Dee Bridgewater...) lui confèrent la légitimité nécessaire pour se lancer dans de telles aventures. Qu'il termine donc son cycle par un simple concert peut sembler, dans un premier temps, d'une triste banalité... Grave erreur de jugement. D'abord parce qu'un concert d'Antoine Hervé n'est jamais fade. Ensuite parce que l'homme consacrera toute son énergie à porter sur scène l'œuvre de Thelonious Monk, pianiste de jazz adepte de l'improvisation. Comme un cadeau du maître à ses élèves avant les grandes vacances et la reprise des cours la saison prochaine avec deux nouvelles leçons. AMANTOINE HERVÉ
Jeudi 14 avril à 19h30, à la MC2