Ça ne nous ramènera pas Barbara !

Ça ne nous ramènera pas Barbara !

De la longue dame brune il a récupéré le nom, le festival Barbara de Saint-Marcellin a cette année la bonne idée d'accueillir l'inénarrable Thomas Fersen et la grande Juliette Gréco : nous sommes impressionnés. Laetitia Giry

Chanson / « Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? » On pourra toujours se lamenter et invoquer la grande dame en noir, s'il est une certitude en ce bas monde c'est bien celle qu'elle ne reviendra pas. Une impossibilité consolée par l'éternité de l'œuvre laissée comme trace – privilège ô combien honorable de l'artiste. Ce festival éponyme lui fait honneur d'une part en présentant une exposition, d'autre part en invitant de dignes représentants de la chanson française. Sur le premier point, on a comme un doute : « Barbara, regards et clins d'œil » offre une série de dessins et caricatures qui, vus d'ici, sont loin de nous faire rêver. Sur le second, rien à dire : même si Saint-Marcellin n'est pas Göttingen, la verve délicatement malicieuse de Fersen et la classe de Gréco nous y mèneront, par « le petit sentier » ou « le raccourci à travers champ » de « Ce matin-là ».

Alors, raconte

Thomas Fersen n'a encore lassé personne. C'est un exploit quand on sort son neuvième album. Ça l'est encore plus quand les albums en question sont composés de chansons à texte, d'histoires écrites à la manière de petites nouvelles. Ce « Je suis au paradis » voit passer Dracula, Barbe-bleue, héberge un enfant-sorcière et des loups-garous, aime le brouillard et le clair de lune. Plus conté que jamais, il construit un joyeux théâtre pour des personnages qui ont tous leur mot à dire. A bas les clichés de l'artiste maudit, torturé par le fantôme de l'œuvre encore inexistante, Fersen affirme que l'inspiration ne vient pas forcément des moments de tristesse mélancolique avancée et défend la béatitude comme source potentiellement créatrice. Pas de place ici pour la contradiction. Quant à elle, Juliette Gréco devrait logiquement être fatiguée. Son grand âge (84 ans) et sa vertigineuse carrière (60 ans) auraient pu avoir raison de son désir de scène. Mais non. Amie et complice musicale de Gainsbourg ou de Brel il y a quelques générations, interprète de textes de Miossec ou Biolay aujourd'hui, elle balade encore sa voix suave et mutine devant les micros. Reste à espérer que la Javanaise soit dans sa playlist de samedi. Là, on ne pourrait plus que dire « chapeau ».

Festival Barbara

Du 17 au 21 mai au Diapason (Saint-Marcellin) Thomas Fersen + Perrine Vasque jeu 19 mai à 20h30 Juliette Gréco sam 21 mai à 20h30

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