Sur le papier, le projet Zone Libre a déjà tout pour plaire. Initié par l'ancien guitariste de Noir Désir Serge Teyssot-Gay, ce groupe de rock fusion s'attribuait les faveurs vocales des rappeurs Hamé (du groupe La Rumeur) et de l'explosive Casey. Après le départ du premier et sa substitution par le plus discret B. James, on se posait quand même des questions, d'autant que pour brut qu'il soit, l'album Les Contes du chaos, sorti en janvier dernier, nous semblait avoir du mal à contenir sa hargne. Mais ça, c'était avant de voir Zone Libre sur scène. Avant la fin du premier morceau, toutes les réserves s'étaient envolées dans la stratosphère. L'adéquation entre des musiciens au rock puissant, affirmé et sûr de lui sans jamais donner dans l'arrogance (et permettant au passage de mesurer l'importance primordiale de Teyssot-Gay dans l'empreinte sonore indélébile de Noir Désir) et les rappeurs, encore plus qu'une évidence, donne l'impression de s'aventurer dans des territoires vierges des recherches de toute la scène musicale française. Des textes d'une force toujours égale, jamais parasités par leurs déflagrations politico-sociales, sont scandés magistralement par la tornade scénique Casey et son comparse. Ne vous laissez pas abuser par son rendu discographique, où le flow ne convainc qu'à moitié : il faut impérativement voir la formation en live pour constater à quel point le projet fait sens, à quel point ses instigateurs partagent la conception de leur médium – affirmer une direction, et y foncer quitte à tout dévaster sur son passage. FC
Zone libre vs Casey et B. James
Samedi 2 juillet, au Col des 1000 (Col des Mille Martyrs, Miribel Les Echelles)