Pour l'anniversaire du Vertigo, un pilier savamment instable de l'électro française vient nous rendre visite : Philippe Zdar du groupe Cassius (à droite sur la photo). L'occasion ou jamais de revenir sur la carrière éclatée de la formation. François Cau
Leur premier album, 1999, sort cette même année. Il ressemble de près et de loin à ce qu'on a désigné à une époque comme la French Touch. Un terme générique regroupant des artistes qui n'avaient pas franchement grand-chose à voir les uns avec les autres, si ce n'est d'être français et de faire de la musique électronique. 1999 reprend à son compte, avec une grosse dominante de sons House, le caractère fourre-tout de cette labellisation indéfinie, et glisse de petites touches rock, funk voire même hip hop quand on n'est vraiment pas regardant – le tout monté en boucles histoire de racoler les dancefloors. Une phrase générique en anglais répétés 27 fois par ci ( My feeling for you / have always been real ) un gimmick amusant par là (le bourdonnement récurrent sur La Mouche), il n'en fallait pas plus pour qu'on crie au talent visionnaire à l'époque, et qu'on sourit sans trop de douleur à la réécoute aujourd'hui. Pour leur deuxième production, le duo met le paquet, entend dépasser le son clubbing en explorant des pistes jusque là vierges pour les sonorités House. Las, Au Rêve (2002) sera un four public et suscitera au mieux quelques applaudissements polis de la profession, malgré la petite estime apportée par l'écho américain du single The Sound of Violence. Pique comme l'abeille
En 2006, l'heure de la vengeance arrive avec le troisième album, 15 again, totale déconstruction de leur style vers des affinités encore plus affirmées pour le rock, comme peut en témoigner l'imparable single Toop Toop, dont la rythmique saccadée illustrera à merveille les meurtres politico-mafieux du film Il Divo. La variété et la classe certaine des invités (Etienne de Crecy, M, Pharrell Williams, Sébastien Tellier, le Daft Punk au nom imprononçable) démontrent 1/ l'éclectisme musical et le goût du binôme 2/ des désirs d'évolution stimulants 3/ que Cassius n'est pas mort avec le concept abscons de French Touch, mais a toujours envie d'en découdre. Dans les années suivantes, Philippe Zdar se consacrera à la production et contribuera aux réussites des derniers Rapture, Bloc Party, Beastie Boys et Phoenix. Mais l'aventure Cassius n'est pas terminée pour autant : l'an dernier, Philippe et Hubert, pardon, Zdar et Boombass ont signé chez les “plus hype que ça, ton cerveau explose“ de chez Ed Banger Records et ont sorti un six titres humant bon une électro un rien compassée, mais parvenant tout de même à ses fins sans racolage abusif. En live, on attend de voir ce que monsieur Zdar, qui a tendance à relativiser la fonction de DJ en interview, va délivrer, mais on peut s'attendre raisonnablement à du lourd. Cassius (Philippe Zdar) + Thomas Villard + Fred G
Vendredi 8 juillet, au Vertigo