Cette année, le plantureux Festival Berlioz consacre une part non négligeable de sa programmation au contemporain hongrois d'Hector, le compositeur et pianiste virtuose Franz Liszt. Mieux : dans le cadre du Château de la Côte-Saint-André sera projetée une œuvre à même de secouer violemment le public, Lisztomania (1975) de Ken Russell. Ce réalisateur anglais malheureusement trop méconnu (seulement deux de ses films, Tommy et Le Repaire du Ver Blanc, sont édités en DVD chez nous) procède ici comme dans toutes ses biographies cinématographiques. A l'instar de ses films consacrés à Mahler, Tchaïkovski ou encore Rudolph Valentino, le cinéaste, profondément iconoclaste, ne se soucie pas vraiment de coller stricto sensu aux grandes étapes de la vie de son sujet (la relation “vampirique“ entre Liszt et Richard Wagner est ainsi totalement fantasmée), mais livre sa propre interprétation de son œuvre, à travers une imagerie très – d'aucuns diront trop – baroque. Au gré d'une mise en scène évoquant la frénésie d'Andrzej Zulawski, Ken Russell transforme Franz Liszt (campé par Roger Daltrey, chanteur des Who) en véritable rock star de son temps, notamment lors d'une scène de concert éloquente. Entre une scène d'intro voyant Liszt butiner une demoiselle à la cadence d'un métronome, jusqu'à un final totalement surréaliste voyant notamment Richard Wagner se transformer en Frankenstein vampire nazi et tirer sur la foule avec une guitare électrique (si si), en passant par des séquences oniriques gorgées de symboles phalliques, Lisztomania est une œuvre dont la folie est égale à l'hystérie dans laquelle le pianiste plongeait ses fans lors de ses performances (phénomène donnant son titre au film), ce qui n'est vraiment pas peu dire. FCListzomania
Projection lundi 27 août à 23h, au Château (La Côte-Saint-André), dans le cadre du Festival Berlioz.