Compte-rendu de la journée “Chacun son tour“ et du premier soir du festival musical estival grenoblois. Au menu : Didier Super, les Buttshakers, Imany et Alice Russell. François Cau
Pour accompagner la venue du Tour de France, qui bloque chaque année toute la Ville de Grenoble pour des raisons dont je laisse le soin à chacun d'apprécier la gigantesque pertinence, l'équipe du Cabaret Frappé avait concocté une série d'animations très agréablement décalées pour honorer l'événement à sa singulière façon. Dès 18h30, les larges abords du Jardin de Ville – fief du festival – étaient pris d'assaut par des saltimbanques parfois controversés. A l'exemple de Didier Super, dont on suivit avec enthousiasme Les Têtes de Vainqueurs, le spectacle de cascades foireuses à BMX qu'il tourne depuis des années avec un autre camarade, prénommé Fabrice à la scène. Place de Gordes, les deux hurluberlus ont très vote annoncé la couleur, à grands coups d'invectives du public, de fracas des accessoires, de défonçage de la bande-sonore (en fait, The Final Countdown d'Europe en boucle), sous les applaudissements nourris d'une foule adepte du second degré et de la lose forcenée comme ligne directrice. Le plus savoureux ayant été l'apparition furtive de Michel Destot, notre maire à tous, entouré de sa garde rapprochée et totalement interdit devant les vociférations crachées par Didier Super pour encourager son collègue à se vautrer... Samedi 23 juillet : caser la voix
Là, on arrête de rigoler et de consterner les élus, le Cabaret Frappé commence pour de bon avec une soirée consacrée aux performeuses vocales soul tombant, hasard funeste, le jour de la découverte du corps d'Amy Winehouse – les deux artistes sous chapiteau lui rendront un hommage chacune à leur manière, avec beaucoup d'émotions. On débute avec les Buttshakers sous le kiosque en gratuit à 19h, malgré un temps menaçant apparemment décidé à s'imposer en trouble-fête. Les “remueurs de culs“ ont fait honneur à leur patronyme avec un set soul cuivré comme il faut et énergique en diable, portée par une chanteuse évoquant l'entrain volcanique de Ninja, la chanteuse de The Go Team ! – il y a pire réminiscence... Sous le chapiteau plein comme un œuf, Imany, sensation hype parisienne en décrochage provincial, a posé une atmosphère beaucoup plus ouatée. Accompagnée d'un guitariste, elle est parvenue à dépasser les réserves consécutives à l'écoute des quelques titres glanés sur le net, qui la positionnait dans le sillage pas vraiment personnel d'une Ayo. Une belle présence vocale, chaleureuse, qui aura envoûté bon nombre de festivaliers. Dans sa foulée, Alice Russell (photo) et ses musiciens n'auront qu'à balancer quelques notes pour récupérer un public déjà conquis. Cette improbable sensation soul venue d'Angleterre, toute en bonhomie et en générosité, confirme largement les promesses de ses albums et dépasse même, par une incarnation vocale impressionnante, les écueils de son petit dernier, Pot of Gold. Bémol de taille pour certains spectateurs : on aurait pu l'attendre avec un backing band conséquent, avec notamment l'indispensable renfort d'une section cuivres ad hoc, elle aura opté pour une configuration intimiste, transformant le chapiteau du Cabaret en piano-bar. A l'extérieur, pendant ses derniers morceaux, la pluie commence à tomber. A 23h45, pour des raisons de sécurité, le concert de Djazia Satour prévu sous le kiosque est annulé, à la déception générale – et faute de concordance de planning, ne pourra être reporté pour cette édition. Malgré ce final pour le moins en demi-teinte, le Cabaret continue sa route ce soir, avec les concerts de Towerbrown (sous le kiosque à 19h), Chris Bailey & H-Burns et King Charles (sous le chapiteau dès 21h). Rendez-vous demain sur le ce site pour un nouveau compte-rendu.