Compte-rendu du deuxième soir du festival, avec dans les rôles principaux Towerbrown, Chris Bailey & H-Burns, et King Charles.François Cau
Le festivalier, petit animal revêche, a eu tout un week-end pour se remettre de ses émotions et de ses ablutions du samedi soir, et ça tombe bien, puisque le Cabaret lui a concocté un line-up rock à souhait. Sous le kiosque, les locaux de Towerbrown envoient le bois dès 19h avec leur son sixties assumé jusqu'au bout des ongles. On navigue en terrain méchamment balisé, mais le son est carré, le groupe en place, et leur set, où l'on peine à distinguer les compos ultra référencées des covers gentiment énervées, est propre, direct, efficace ; le public, dense et compact, semble exiger d'une même voix « Gimme some rock'n'roll lovin' », et s'avère largement exaucé. C'est peu dire qu'on attendait de pied ferme la rencontre scénique entre le ministre du folk drômois H-Burns et Chris Bailey, vétéran australo-irlandais de la scène rock mondiale avec son groupe The Saints ou sa myriade de side-projects. À l'écoute de Stranger, leur album commun (sortie prévue le 10 septembre), on découvrait une orientation classic rock qu'on n'aurait pas vraiment soupçonné chez monsieur Burns, avant de se prendre une première déflagration en voyant le groupe répéter au Ciel pour sa performance au festival. Précieusement flanqués d'Antoine Pinet de H-Burns à la guitare et de Peter “skinny Pete“ Wilkinson à la batterie, les deux frontmen revisitaient avec une saisissante évidence leur répertoire, et ce alors qu'une année s'était écoulée depuis leur enregistrement et qu'ils ne travaillaient que depuis trois jours. Cette alchimie, on la retrouva largement sur la scène du Chapiteau. Et le public, plus éparpillé que lors de la soirée soul de samedi, eut des réactions qui ne trompaient pas : dès le tiers du set, les premiers rangs reprenaient en chœur (et en bon yaourt) des refrains qu'ils ne connaissaient pas deux minutes plus tôt ! Alliez à cette ambiance la classe dégingandée de Chris Bailey et de H-Burns, l'assurance tranquille de Wilkinson et les envolées du guitar hero Antoine Pinet, et vous obtenez un live de très grand cru, laissant augurer du meilleur quant à l'avenir de la formation. La soirée se termine avec King Charles, nouvelle sensation pop-rock-folk adoubée par Tom Waits et Robert Smith lors d'un récent concours de songwriting. De ce qu'on a pu en entendre et en voir, l'univers du garçon semble aussi cohérent qu'un duo zouk entre les deux icônes précitées. Passant d'un genre musical à l'autre avec des bonheurs inégaux, tantôt rouleau compresseur ascendant FM puis troubadour ethno-folk d'un autre monde, ce drôle de bonhomme compose un personnage étrange, dépenaillé et tout poitrail dehors que d'aucuns ont pu apprécier.