Aujourd'hui, dans la valse des comptes-rendus, Sly & The Gayz, Birdpen, The Boxer Rebellion et les 1234 entrent dans la danse. François Cau
Avec la matoise assurance d'un mass murderer norvégien, les Sly & The Gayz ont persévéré depuis leurs incertains débuts dans la voie d'une pop disco punk bitchy consumériste, flirtant avec la hype et la gloriole pour mieux les abandonner sur une aire d'autoroute à l'approche des vacances. Sans nouvelles de la formation depuis la sortie de leur Very Best of il y a de ça de bons mois en arrière, c'est donc avec une curiosité malsaine qu'on attendait de les voir sous le kiosque du Jardin de Ville. Les garçons, en chemises fluo et pantalons blancs, ont délivré exactement ce qu'on était en droit d'espérer : n'importe quoi. Des écarts vocaux équilibristes, des pantomimes square dance friendly, des solos de bongos par des monstres en plastique, le tout au service de leur irrécupérable répertoire. Sous le chapiteau, deux flamboyants espoirs du nouveau rock anglais vont se battre en duel pour sauvegarder la prédominance de la Perfide Albion sur la cartographie musicale. En fait, ce qui est en jeu ce soir, c'est une vision massive, fédératrice, roborative, un rock'n'roll destiné à être joué dans des stades, qui doit s'accompagner en tapant dans les mains le plus possible. David Penney, frontman de Birdpen, encouragera ces images d'Epinal pendant tout le set, largement suivi par ses musiciens, adeptes réguliers de gimmicks too much. Le chanteur ne se déparera pas de ses attitudes étranges et pénétrantes de tout le concert, quitte à ce que son jeu de beau ténébreux en agace certains plus qu'aux entournures. The Boxer Rebellion (photo) offrira heureusement une performance plus humble, et donc plus généreuse. Les morceaux de The Cold Still prennent une ampleur scénique surpuissante, et le groupe se targue dès lors des atours d'un bulldozer pop rock, dont les poussées du chanteur dans les aigus surlignent ouvertement la forte influence Coldplayienne. Récemment, The Boxer Rebellion s'est retrouvé en bonne place sur la bande originale de la comédie romantique Trop loin pour toi avec Drew Barrymore, et leur concert sous le chapiteau nous a peu ou prou procuré les mêmes émotions que le film : une sucrerie très agréable, sortant occasionnellement des sentiers battus, mais dont on n'abuserait pas forcément plus que de raison. On avait commencé cette soirée musicale n'importe comment, il était donc de bon ton de conclure de la même façon. Et avec The 1234, on fut plus que servi. Cet improbable quatuor vocal aux looks pas possibles, comptant notamment dans ses rangs un terrifiant clone d'Andy Warhol, s'est lancé avec un panache tout ce qu'il y a de plus kamikaze dans son absurde mission : exécuter des reprises des Ramones en Doo-wop, devant un public médusé qui ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait. On salue la bravoure.