À l'occasion de son passage sous le chapiteau de Rocktambule, rencontre avec le Dijonnais Vitalic, figure de proue de la scène électronique française et fondateur du label Citizen Records, qui fête ses 10 ans cette année.Propos recueillis par Damien Grimbert
Vitalic : Mes parents écoutaient un peu de tout, de l'italo-disco, les Pink Floyd, et puis pas mal d'électronique, Jean-Michel Jarre, ce genre de choses... Il n'y avait pas de style vraiment prédéfini dans ma famille.Quels souvenirs gardez-vous du milieu des musiques électroniques dans les années 90, avant que vous ne deveniez Vitalic ?
C'était quand même très techno, assez dur, j'ai réécouté des vieux trucs il n'y a pas très longtemps, c'était souvent des ambiances plombées, futuristes, sombres... A côté de ça, il y avait la scène house qui était beaucoup plus légère, mais moi je n'étais pas dans ce milieu-là, donc niveau techno c'était quand même assez plombé. Vous saviez déjà dans quelle direction vous vouliez vous orienter à l'époque ?
En fait, mes goûts évoluent à chaque fois petit à petit, sans que je ne m'en rende forcément compte. Dans les années 90, c'est vrai que la disco, par exemple, ça me faisait rire plus qu'autre chose. J'en avais écouté, mais j'étais passé complètement à autre chose. Et puis, en 1999, je vais voir DJ Hell au club The End à Londres, je le vois rejouer des vieux trucs disco, et je me dis qu'en fait, c'était quand même drôlement bien, que c'est une bonne idée de passer ça... Donc voilà, j'évolue avec le temps, comme tout le monde, je pense. Sur OK Cowboy, mon premier album, il y avait des atmosphères, beaucoup d'orgues, des petites ritournelles, sur Flashmob, le second, je suis parti sur quelque chose de beaucoup plus disco, et puis là je suis en train de revenir à des choses plus indie, plus rock...Comment abordez-vous l'exercice du DJ-set par rapport au live ?
Le live, j'aime vraiment ça, c'est mon truc, j'ai commencé à faire du live avant même de sortir des disques, j'aime les machines, j'aime m'en servir, en avoir sur scène... Le DJ-set, j'aime bien parce que c'est plus posé, plus fun, plus ouvert aussi, ce n'est pas mon son pendant une heure et demie, je teste des choses... C'est deux exercices différents, j'ai un penchant pour le live, mais j'aime bien les deux.Vous prenez toujours autant de plaisir à faire des remixes ?
J'aime bien, ça peut être amusant, mais c'est vrai que je préfère quand même me concentrer sur mes propres productions. Les remixes, c'est utile pour tester des directions aussi, quand j'ai des idées, avant de m'avancer personnellement dessus, je vais introduire certains trucs dans des remixes et voir comment ça fonctionne. Mais c'est vrai que je ne fais pas des remixes à la chaîne comme certains le font.Que pensez-vous de l'évolution de la scène électronique française ces dernières années ?
Ce qui me plait, c'est le fait qu'elle existe, déjà, parce que pendant très longtemps, la France, musicalement, c'était très confiné. Là on a une vraie image à l'étranger, il y a plein de groupes qui sont devenus très gros, et puis ça ne s'est pas arrêté là, il y a des nouveaux qui arrivent, qui se font leur place... C'est vivant, c'est vraiment vivant. J'aime quand il y a des choses fraîches qui arrivent, comme Gesaffelstein par exemple. Ce que j'aime moins, c'est quand ça se répète. La période où tout le monde essayait de faire du Justice, on a fini par en sortir, mais c'était quand même un peu ennuyeux.Vous avez récemment composé la bande son de La légende de Kaspar Hauser, un film de Davide Manuli avec Vincent Gallo qui sortira en 2012...
Oui, je n'ai pas vu le film, j'ai travaillé seulement avec des photos et le script. Mais je connaissais très bien les films de Manuli, il m'a dit ce qu'il cherchait, donc j'ai procédé comme ça par sensation, par émotion... C'est quelque chose que je n'avais jamais fait, même s'il y avait déjà quelque chose d'un peu cinématique, d'un peu visuel dans certains morceaux de mes albums.Vous sortez également en novembre un nouvel EP de The Silures, votre side-project avec Linda Lamb et Mount Sims ?
Oui, c'e n'est pas particulièrement techno, il y a un track qui est vraiment destiné au dancefloor, un deuxième très posé, très pop très cinématique, et puis Roses, le troisième, qui donne son nom au EP, une sorte de rock garage électronique un peu dépressif...Et enfin un nouvel album en 2012 ?
Je travaille dessus, c'est pas mal avancé, mais c'est encore trop tôt pour parler de date de sortie. Je pense que ce sera plus rock, plus soutenu, un peu plus punk...