Alina Orlova est une fille de l'Est comme Patricia Kaas mais en mieux, et en réalité beaucoup plus à l'Est. Car Alina Orlova, 23 ans, est lituanienne, ce qui fait d'elle une double anomalie : d'abord dans un paysage rock archidominé par la veine anglo-saxonne, ensuite dans un pays, la Lituanie donc, où le seul moyen de se faire connaître à l'international (et encore pas tant que ça) est de jouer au basket. C'est dire si Alina Orlova est un ovni. Plus que cela même, elle est, à l'image de quelques consoeurs (Joanna Newsom, Fryda Hÿvonen...) un freak musical. Peut-être parce qu'elle a grandi au pied d'une centrale nucléaire dont l'UE a fini par obtenir la fermeture. Mais surtout parce que sa musique, elle, vient de nulle part. Un peu pour s'occuper, la belle rousse s'est très tôt mise au piano pour accoucher de chansons mutantes, aux formes étranges, empreintes de cabaret, de jazz et de consonances slaves aux accents parfois yiddish. Alina chante en lituanien, en russe et en anglais, mais son langage à elle est bien plus étrange que ne le serait un mélange de ces trois langues. Des chansons un peu inquiétantes, à la fois légères et troubles et qui frappent surtout par leur durée, très courtes, comme de petits sprints chantés dans les bois. À la cueillette de champignons poussés contre le grillage d'une centrale nucléaire.
Stéphane Duchêne
Lundi 19 juin 2023 La musique classique contemporaine réunie autour de la figure d'Olivier Messiaen, pour des concerts en altitude mais aussi des randos musicales, colloques et rencontres.