Retracer l'intégralité de la carrière de Lydia Lunch relève de la gageure quand on n'a pas une centaine de pages devant soi. Pour ce qui est de son enfance volée par un père incestueux et des galères qui s'ensuivirent, on ne peut que renvoyer à la lecture de l'autobiographique Paradoxia, traduit avec un art pertinent de l'interprétation par une Virginie Despentes qui livre là l'un de ses meilleurs travaux, restituant l'urgence d'une langue déliée par une vision justement amère et radicale. Pour ce qui est de son image dans la sphère créative new-yorkaise, procurez-vous donc la bien nommée anthologie Hardcore du cinéaste Richard Kern. Musicalement, Lydia Lunch participa notamment à l'émergence de la no wave, qu'elle transcenda avec son premier groupe, Teenage Jesus and the Jerks. Son premier album solo, Queen of Siam (1980), charrie une puissante charge érotique dans sa voix et ses textes, sur des morceaux oscillant entre pop désuète et une acception toute punk du jazz. Durant les années 80, elle multiplie les collaborations avec les plus illustres artistes indépendants (Nick Cave, Sonic Youth, Einstürzende Neubauten, Marc Almond...) et se recentre sur une expression musicale plus orientée vers la déclamation de ses textes toujours plus bruts de décoffrage que vers le chant stricto sensu. Les deux décennies suivantes la voient sauter d'un projet à l'autre, d'un style à son opposé, tout en construisant sa légende à renforts d'apparitions remarquées chez des artistes reconnus, et de performances mémorables. En 2009, elle se fixe enfin au sein du groupe Big Sexy Noise, formé autour des membres du groupe londonien Gallon Drunk. Le résultat sonne plus punk, plus frontal, plus sale ; sa voix est plus gutturale que jamais, et toujours habitée par une présence à la mesure de son intransigeance artistique. On remercie donc vigoureusement Rockandys Musik pour sa venue à l'Ampérage, aux côtés des lyonnais de Ned et de la toute jeune formation Squared Circle, composé de musiciens des Rockandys, de Modern Folks et des Lutins Patates de l'Espace.
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Vendredi 15 mars 2013 Sur le modèle de Lilith Fair, créé en 1996 aux États-Unis, "les Femmes s'en mêlent" propose depuis 15 ans un festival célébrant la scène indépendante féminine. Est-ce bien nécessaire ? Oui, si on considère que l'Histoire est racontée du point de vue...