Avec neuf albums au compteur, Meshell Ndegeocello est loin d'être une novice en matière musicale. Elle n'a pourtant de cesse de se renouveler et d'explorer de nouveaux genres, mais sans jamais quitter la soul qui l'habite. Benjamin Bultel
En langue swahilie, ndegeocello veut dire « libre comme l'oiseau ». Tout un programme pour l'auteure-compositrice-interprète Meshell Ndegeocello, qui a choisi ce nom à 17 ans. Cette Américaine, de son vrai nom Michelle Johnson, aime mélanger les genres. Avec ses débuts hip-hop, funk et rock sur les albums Plantation Lullabies (1993) et Peace Beyond Passion (1996), elle se déclare « en guerre contre tout le monde ». Celle qui, en 1994, se fait connaître grâce à son duo avec John Mellencamp pour Wild Night (un morceau loin d'être la meilleure chose qu'elle ait faite dans sa carrière), s'assagit quelque peu par la suite. Et se convertit à la soul, celle de Marvin Gaye, dont elle partage la voix grave et envoûtante. En sept albums, cette multi-instrumentiste – même si son instrument de prédilection reste la basse – se taille une solide notoriété, portée par sa forte personnalité. Imaginez : une Américaine noire, féministe, engagée, musulmane et bisexuelle...
De la soul à la sauce folk
Plus groovy sur l'album Bitter (1999), Meshell Ndegeocello revient aux sources trois ans plus tard avec Cookie: The Anthropological Mixtape (dont la signification du nom nous échappe), aux accents hip-hop et R'n'B et auquel participent Marcus Miller et Missy Elliott, excusez du peu. Après un passage expérimental où elle s'essaye au dub tout en gardant sa ligne soul (Comfort Woman), l'artiste prend un nouveau cap en 2005 avec deux albums résolument jazz, The Spirit Music Jamia: Dance of the Infidel et The World Has Made Me the Man of My Dreams. Quant à Devil's Halo, il marque un tournant rock. Son dernier album, Weather (2011), ajoute la corde folk à l'arc de la chanteuse. Les chansons calmes, aux influences neo-soul, s'enchaînent, certaines largement mélancoliques comme la ballade au nom énigmatique Oysters (« huîtres » en anglais), ainsi que la reprise de Chelsea Hotel, d'un autre grand fumeur à la voix rauque, Leonard Cohen.
Meshell Ndegeocello (+ You & You en première partie), vendredi 1er juin à 20h30, à la Maison de la musique de Meylan.