Réunir 35 des meilleurs musiciens de la scène locale pour former quinze groupes inédits, enregistrer chacun d'entre eux, puis les réunir à la fois sur scène et sur un disque: c'est l'ambitieux projet que Davy Berruyer a mené à bien avec ses "Mountains Sessions". Quelques jours avant le concert de clôture de l'événement et la sortie du double vinyl éponyme, il revient avec nous sur cette expérience d'un nouveau genre. Propos recueillis par Damien Grimbert
Quelques mots sur votre parcours pour commencer ?
Davy Berruyer : Ça fait 16/17 ans que je fais de la musique comme batteur sur Grenoble. J'ai toujours joué dans des groupes locaux (Towerbrown, Vegas Parano...), toujours fait de la composition, bref toujours évolué un peu dans le milieu rock.
Comment est né le projet des Mountains Sessions ?
J'avais envie de réunir des gens. Dans ce milieu, on se connaît à peu près tous, mais on a rarement l'occasion de jouer ensemble parce qu'on est tous dans différents groupes, dans différents projets... Quand j'ai entendu parler des Desert Sessions de Josh Homme, le guitariste de Queens of The Stone Age, j'ai trouvé l'idée super bien : réunir des musiciens dans un coin, les faire jouer ensemble et voir s'il se passe quelque chose, je trouvais ça vraiment intéressant. Comme cette année, j'avais beaucoup de temps libre, je me suis dit que j'allais mettre à profit ce temps pour faire des choses qui me tiennent à cœur. C'est comme ça que le projet est né.
Quelles étaient vos attentes ?
Je voulais que les gens se rencontrent, se mélangent, et voir ce que ça allait donner musicalement. Le but, c'était de réunir des gens qui n'avaient jamais joué ensemble, pour créer quelque chose d'inédit.
C'est un projet de grande ampleur, comment avez-vous fait pour tout mettre en place ?
J'ai commencé à y réfléchir en février 2011, puis fin août/début septembre, j'ai contacté par email les musiciens avec lesquels j'avais envie de bosser sur ce projet. Je leur ai expliqué le projet en leur disant : « vous avez jusqu'au 31 octobre pour faire un groupe avec des gens avec qui vous n'avez jamais joué. Musicalement, vous jouez ce que vous voulez, et au 31 octobre, une fois que les groupes sont formés, vous avez deux mois pour faire un morceau, qu'on va ensuite enregistrer et sortir sur un double vinyl ».
Comment s'est passé la session d'enregistrement ?
Ça s'est déroulé au Ciel fin février. Le deal, c'était qu'on avait à peu près trois groupes par jour sur une semaine, et que chaque groupe avait quatre heures pour enregistrer en live le morceau. Trois studios différents se sont occupés d'enregistrer les groupes, puis de faire le mixage, une personne s'est occupée du mastering, et j'ai envoyé le tout au pressage.
L'étape suivante, c'est le concert de vendredi à l'Ampérage...
Au début, on devait seulement faire une représentation privée au Ciel, mais comme le projet a beaucoup plu à tout le monde, on s'est dit – avec le label HVIV, avec lequel je bosse en partenariat – que ce serait pas mal de faire une grosse soirée en plus, un truc un peu plus rock'n'roll... À l'Ampérage, certains des groupes vont jouer plusieurs morceaux. Il y aura un écran avec des vidéos entre chaque partie, des DJs jusqu'à 3h du matin, de la bière... Bref, un truc un peu festif !
Vous pouvez nous dire quelques mots sur les morceaux composés ?
Je n'ai eu que des très bonnes surprises : la qualité musicale est excellente, tous les morceaux sont super biens. On va dire que la racine, c'est le rock, après il y a des trucs un peu plus sauvages, d'autres un peu plus cools... C'est très varié, il n'y a pas deux groupes qui se ressemblent, et je pense que les musiciens ont vraiment pris du plaisir à jouer ensemble. Il y a vraiment eu des moments magiques pendant l'enregistrement. Moi, j'étais là quasiment tout le temps, et c'était chouette de voir les gens enregistrer, d'écouter les morceaux, de les voir évoluer pendant les sessions...
Au-delà de l'aspect musical, le projet comporte également une dimension visuelle...
Exactement. En plus d'un très bon vivier musical, on a aussi sur Grenoble un très bon vivier artistique, et je voulais aussi associer ça au projet. Du coup, il y a un photographe officiel, Christophe Levet – qui chante aussi dans deux des groupes – qui a suivi toutes les sessions d'enregistrement, deux réalisateurs qui font de la vidéo, Magali Laroche et Lionel Ippolito... Et pour la pochette du vinyl, je voulais aussi proposer quelque chose de différent, donc j'ai fait appel à deux dessinateurs, Riton la Mort et Alex de Meyer, qui officie sous le nom de Nine Lives, et je leur ai demandé de travailler ensemble. Ce qui est bien, c'est que tout le monde a fait ça gratuitement, avec beaucoup d'envie, et ça s'est très bien passé.
Mountains Sessions Live, vendredi 8 juin de 20h à 3h à l'Ampérage, avec entre autres des membres de Lull, Settled in motion, Rodeo massacre, Les Lutins patates de l'espace, Duster 71, Virago, Jose and the Wastemen...
Mountains Sessions Live, mode d'emploi
Deux tarifs possibles pour la soirée de vendredi : 12 euros pour une entrée seule, ou 16 euros pour une entrée avec le double vinyl (et un coupon de téléchargement mp3 pour ceux qui n'ont pas de platines). La jauge du concert étant de 280 places et le tirage du disque limité à 250 exemplaires, les préventes (à Pianotech, rue Lakanal et au Black Sheep studio, rue Gabriel Péri) sont plus que vivement recommandées.