L'espace autogéré le 102 propose "Le Pouls du sort", manifestation dédiée aux musiques improvisées. L'équipe du lieu a ainsi invité l'ensemble des musiciens qui sont passés depuis trois ans rue d'Alembert, afin de les réunir sur trois soirs. Rencontre avec Pascal Thollet, improvisateur et membre du 102, pour en savoir plus sur ce champ musical source de nombreux fantasmes. Propos recueillis par Aurélien Martinez
Que sont les musiques improvisées ?
Pascal Thollet : C'est un mouvement musical issu du free jazz, de la musique concrète, de la musique électroacoustique, de la musique bruitiste... Il regroupe énormément de pratiques musicales qui se réinventent depuis les années 60. C'est un champ basé sur l'expérimentation d'outils sonores, de détournements d'instruments traditionnels, et qui utilise l'improvisation comme technique de composition. C'est donc une composition immédiate, dans le temps du concert ; une composition qui se fait à plusieurs...
Le public ne sait donc pas exactement ce qu'il verra...
Et notamment dans cet évènement ! Contrairement à d'habitude, où les musiciens tournent avec des groupes qu'ils ont créés et choisis à l'avance, cette fois-ci, toute l'idée du Pouls du sort est celle du tirage au sort entre musiciens. On aura donc des combinaisons différentes chaque soir, les artistes ne se connaissant peut-être pas, n'ayant peut-être jamais joué ensemble. À chaque fois, il y aura comme une rencontre impromptue, une mise en danger, pour savoir quel espace commun trouver afin d'arriver à faire quelque chose. En parallèle, on met aussi le hasard au centre de la rencontre avec le public, puisque chaque personne tirera au sort le lieu dans lequel elle ira voir un concert. Il y a peut-être des spectateurs qui vont se retrouver dans un espace tout petit, en étant dans une configuration avec deux spectateurs et deux musiciens, quand d'autres seront une cinquantaine dans un plus grand espace, avec cinq, huit, ou dix musiciens.
Les musiques improvisées, assez peu connues, intriguent beaucoup...
Peut-être que l'on projette des choses que cette musique ne défend pas. On y voit parfois une sorte d'élitisme, parfois on ne se sent pas pris en compte en tant qu'auditeur parce que ce sont des musiques où l'on ne tape pas du pied, avec des musiciens qui font plutôt de l'environnement sonore... Le son produit peut dérouter, cette musique étant très peu diffusée dans les médias, et aussi assez peu en live. Or, c'est véritablement une musique qui a un sens en live, comme le montre l'évènement que l'on fait... C'est une musique de l'instant, qui demande donc une prise de risque de la part du musicien, mais aussi de l'auditeur... Du coup, on a le droit dans ces musiques-là d'aimer cinq minutes d'un concert qui dure une heure, on a le droit d'être déçu, d'être déstabilisé...
Le Pouls du sort, du mercredi 20 au vendredi 22 juin, à 19h, au 102.