En France, quand on parle ska – le vrai ska, hein, pas celui qu'on écoute l'été en fumant des roulées avec son chien au Festival de la Punaise de Lit – on pense immédiatement à Madness. Ah oui, Madness, groupe anglais auteur de ce Our house qui maroufle les interstices de la diarrhée verbale de Valérie Damidot dans D&co. C'est parce qu'en France, on n'a jamais suffisamment célébré une autre légende anglaise du genre, à l'apport musical et sociétal bien plus important que le groupe à la démarche bizarre : The Specials. Originaire de Coventry la grise, les Specials se forment en 1977, juste avant que la marée punk ne commence à se retirer, à l'initiative du claviériste Jerry Dammers. C'est d'ailleurs The Clash – qui survivra par l'ouverture musicale à la mort du punk – qui offre ses premiers concerts à une formation rapidement rejointe par Terry Hall – qui la quittera ensuite pour Fun Boy Three avant de revenir pour une reformation en 2008. The Specials c'est d'abord une imagerie noir et blanc qui sera pour beaucoup dans leur culte : dans les vêtements portés, façon gangsters, et les pochettes de disques, mais aussi au sein même de la formation, l'une des premières à mélanger musiciens blancs et noirs. Leurs grands tubes Ghost Town, Gangsters, A Message to you Rudy feront danser toute l'Angleterre et Terry Hall accédera rapidement à un statut d'icône nationale. Même si c'est sans lui que le groupe, renommé The Special AKA, connaît son plus grand succès avec Free Nelson Mandela en 1984. Mais c'est Terry Hall, sans Jerry Dammers, qui ne veut plus entendre parler du groupe, qui mènera les Specials en compagnie de Blur et de New Order, lors du concert géant donné à Hyde Park à l'occasion des JO de Londres. Ce qui rend ce passage à Musilac d'autant plus spécial.
The Specials, le vendredi à 0h30