Le groupe H-Burns revient avec un quatrième album encore plus grand et plus majestueux que les précédents : "Off the map" (sortie janvier 2013). Un hors-carte qu'il chante hors-temps : le concert de la rentrée en somme, dont on a discuté avec le songwriter et chanteur du groupe, Renaud Brustlein. Propos recueillis par Laetitia Giry
Il me semble qu'il y a quelque chose de plus aérien et de plus tragique dans ce dernier album... Le ressentez-vous comme ça ?
Renaud Brustlein: Difficile à dire... Il y a quelque chose de plus urbain sans doute. Par le choix tout d'abord d'aller enregistrer dans une mégapole d'Amérique du nord [Chicago – NdlR]. Aérien ? Oui, de façon métaphorique, car le processus d'écriture a été moins autobiographique que pour le précédent. Pour ce disque, mon approche a été plutôt "cartographique" si je puis dire. J'ai cherché à écrire sur les cheminements, les choix de route – bons ou mauvais –, et de situer les personnages comme des points clignotants sur des cartes satellite, aux destins croisés par accident, aux trajectoires ratées. Tragique ? Oui, pourquoi pas. L'album parle de perte totale de repères, du fait de ne trouver aucune place, sur aucune carte... J'imagine que c'est un peu tragique comme idée...
On note une ouverture vers une instrumentalisation de plus grande ampleur (avec les cuivres par exemple). Vers quoi vouliez-vous faire tendre votre musique en faisant ce choix ?
Les cuivres, c'est quelque chose que j'avais en tête sans penser pouvoir le réaliser. J'ai demandé à Steve Albini [producteur de l'album, grande référence du rock indépendant– NdlR] s'il connaissait des musiciens adaptés et, le lendemain, on avait quatre d'entre eux qui ont travaillé avec Wilco et les Walkmen ! Je leur ai chanté les parties concernées et deux heures après c'était enregistré... C'était fou ! Je voulais arranger le disque de façon réfléchie, mais en même temps qu'il soit joué live et garde un aspect brut. Sur l'un des titres avec des cuivres, j'avais en tête des sonorités un peu New Orleans, le morceau étant une sorte d'épitaphe, je voulais apporter ce côté "enterrement joyeux".
Off the map semble par ailleurs nettement plus "produit" que les précédents. Le tout donne un aspect hypnotique que l'on ne trouvait pas dans le folk de How strange it is to be anything at all et le rock plus électrique de We go way back... Craignez-vous de le perdre en live ?
Ce qui est paradoxal, c'est que s'il peut sonner plus produit, c'est seulement dû je crois à la qualité d'enregistrement d'Albini et de son studio. Parce qu'on a enregistré et mixé dix-huit morceaux en dix jours. Tout, à 90%, a été enregistré en condition live, même le chant sur certains titres. On a travaillé les morceaux comme on travaille pour un live, donc on devrait retrouver cette sonorité en concert...
Éprouvez-vous plus de crainte ou d'excitation avant la présentation d'un nouvel opus ? D'autant que la communauté de fans grandit, l'attente est donc plus grande...
De l'excitation ! Jouer ces nouveaux titres, sortir ce disque dont nous sommes contents, en ayant eu la chance de bosser avec quelqu'un d'aussi talentueux... Ça ne laisse pas de place à autre chose que de l'excitation. Et surtout, ça fait du bien de jouer. J'ai passé un an à écrire ces chansons, on a passé des mois à les travailler... il était temps de les jouer !
H-Burns, vendredi 14 septembre à 20h30, à la Bobine