Que ce soit en tant que comédienne ou chanteuse, cela fait un bail que Sandra Nkaké tente de faire parler d'elle. Mais on ne l'aura sûrement jamais autant fait – parler d'elle – que cette année où, malgré un premier album remarqué en 2008, Mansaadi, la jeune femme a véritablement explosé. D'abord, on l'a vue dans tous les festivals, de jazz et pas seulement, que compte le pays. Et cet été, elle a reçu la Victoire du Jazz de « la révélation de l'année ». Il faut dire que son dernier album sorti cette année, Nothing for Granted, a particulièrement enthousiasmé. Notamment cette manière bien à elle de ménager chant jazz et tout ce qui peut s'y rapporter par la cravate – comme, Like a Buffalo, un morceau hip-hop aux sonorités arabisantes où sa voix de velours se fait maîtresse femme. Dans le monde de Sandra Nkaké, on peut tout à fait poursuivre dans la foulée avec une ballade soul-jazz. Puis plus tard un reggae où sa voix s'éclaircit. Car cette voix, plutôt disposée aux graves (le magnifique No More Trouble, negro spiritual revisité), Sandra Nkaké la modèle comme une pâte à fromage venant se lover dans les différents moules stylistiques qu'elle affectionne. Quand on sait la manière dont les festivals de jazz tentent d'étoffer leur offre esthétique en multipliant les ponts, on comprend mieux leur Nkaké dépendance.
Stéphane Duchêne
Sandra Nkaké + Da great booga wooga, vendredi 5 octobre à 20h30, à la Maison de la Musique (Meylan)