Il y a quelque chose d'assez fabuleux dans la capacité de Lucas Santtana, jeune quarantenaire brésilien originaire de Salvador de Bahia et désormais installé à Rio, à rendre aussi simple, accessible et limpide une musique a priori aussi sophistiquée que la sienne. Petite perle de pop légère et aérienne, O Deus Que Devasta Mas Também Cura, son dernier album en date sorti sur le label Mais Um Disco, n'en puise pas moins ses influences dans une gamme assez incroyable de styles musicaux, allant de la tapageuse technobrega de Belém au post-rock et à la new wave, en passant par le folk, la bossa nova, le hip-hop, le dub, l'électro, la musique classique ou encore les sonorités de jeux vidéo ! Loin du fourre-tout inaudible que pourrait laisser présager un tel mélange des genres, ses élégantes compositions ne sont au contraire pas sans rappeler l'héritage des artistes tropicalistes, qui, à la fin des années 60, mélangeaient déjà l'héritage des musiques traditionnelles au psychédélisme occidental dans un pied de nez rebelle à la dictature alors en vigueur. Comme ces derniers, Lucas Santtana refuse la distinction entre musiques savantes et populaires, récits intimes (de son divorce en l'occurrence) et préoccupations sociales et culturelles, entremêlant sans cesse ces différents aspects avec une grâce infinie. À ne pas manquer enfin, le DJ-set de clôture du grand Rémi Kolpa Kopoul (Radio Nova), véritable légende radiophonique parisienne en activité depuis plus de 40 ans !
Damien Grimbert
Soirée Electro Pop Brasil avec Lucas Santtana et DJ RKK, jeudi 8 novembre à 20h à l'Ampérage