À Nîmes, il n'y a pas le Mississippi. Le seul delta qu'on connaisse là-bas est celui des autoroutes A9 et A54. Pourtant, la musique d'Harold Martinez sonne comme s'il avait grandi dans les sédiments du "Père de l'Amérique", là où, au cœur du bayou de Louisiane, l'eau et la terre ne font plus qu'un, quand l'une ne recouvre pas accidentellement l'autre. Avec son blues sudiste comme un drapeau confédéré, sa voix qui rappelle le David Eugene Edwards des groupes 16 Horsepower et Wovenhand et charrie la gravité fantomatique et grotesque du Southern Gothic, Martinez aurait pu figurer sur la bande originale du formidable film Les Bêtes du Sud sauvage. Sur Birdmum, premier album plein de banjos, de bottleneck et de percussions qui pèsent une tonne (courtoisie de son acolyte à la main lourde Fabien Tolosan), il est ainsi question de faucons, de serpents, de lacs boueux, de pluies acides et plus généralement d'éléments et de sentiments aussi déchaînés que la musique animiste et tellurique qui les raconte. Oui, tout ça à la fois.
Stéphane Duchêne
Harold Martinez + Raymonde Howard, vendredi 1er février à 20h30, à la Bobine