On peut dire qu'une transmission de pièce classique est déjà réussie lorsque l'on comprend aisément une intrigue qui, sur le papier, semble des plus sibyllines. Le Conte d'hiver par exemple, texte de Shakespeare pas forcément le plus monté : si l'on veut se rafraîchir la mémoire avant de rentrer dans la salle, le résumé de Monsieur Wikipédia nous embrouille plus qu'autre chose. Mais entre les mains du metteur en scène Patrick Pineau (aux commandes il y a deux ans du Suicidé de Nicolaï Erdman, à la MC2), cette histoire de jalousie à multiples ramifications se suit aisément, avec plaisir.
Car Patrick Pineau, en plus de se pencher avec soin sur le fond (sa lecture sobre et efficace des enjeux shakespeariens est remarquable), sait mettre les formes : une distribution solide et une scénographie efficace pour un ensemble fluide – mais avec des ruptures marquées (une première partie tragique, une seconde plus comique). Si l'on regrette tout de même que le metteur en scène soit trop sage par moments, semblant suivre des rails bien dessinés (l'idée de la vidéosurveillance est sous-exploitée, la fête trop dans la retenue, ...), sa proposition se tient de bout en bout, avec une certaine classe et quelques éclats d'humour bienvenus. Du beau théâtre tiré à quatre épingles en somme, ni plus ni moins. AM
Le Conte d'hiver, jusqu'au samedi 23 novembre à la MC2