Barré à la campagne avec veaux, vaches, cochons, couvées ou presque, Chris Garneau y a composé – tout en élevant des chèvres et des poules – Winter Games à l'abri de l'agitation urbaine d'une Grosse pomme qui commençait singulièrement à le fatiguer. Un album ample, cotonneux, aux contours rassurants et aux élans en apparence exaltés – des trucs ultra-orchestrés qu'il peut génialement réduire à leur portion congrue piano-voix en concert. Mais en réalité un album faussement apaisé, traversé par une angoisse – ni plus ni moins que celle de la fin du monde, du point de vue inquiet de ce grand enfant qu'est resté Garneau, souvent décrit comme un Sufjan Stevens de poche (il faut dire que la ressemblance est troublante). Ici, Garneau démontre qu'il n'y a peut-être pas grand-chose à faire pour se consoler de l'état du monde et se consoler tout court – « tu me manqueras plus tard », chante en français dans le texte ce francophile – pas grand-chose à part élever des chèvres et composer des chansons.
Chris Garneau, vendredi 4 avril à 20h30, au Ciel