De Kornel Mundruczó (Hong-All-Suède, 1h59) avec Szófia Psotta, Sándor Szótér...
Surprise ! Alors qu'on croyait en avoir fini avec Kornel Mundruczó suite au fiasco cannois de son Tender son, The Frankenstein project (un film tellement raté qu'il n'a jamais trouvé de distributeur malgré sa sélection en compétition), le voilà qui réapparaît avec un objet assez épatant et plutôt imprévisible de sa part. Finies les postures auteuristes ; White god va droit au but via un récit puissant où un chien « bâtard », abandonné par l'adolescente qui l'adorait mais qui a dû se plier aux ordres de son père, va devenir le meneur d'une révolte canine spectaculaire.
Mundruczó annonce la couleur dès le stupéfiant prologue où la meute de chiens déferle sur la ville désertée. Image marquante, dont le cinéaste raconte la genèse dans un long flashback parfaitement orchestré. La grammaire filmique largement empruntée à Lars Von Trier (caméra à l'épaule, légers zooms pour recadrer l'action) est d'une efficacité redoutable quand White god se concentre sur sa star : le chien Hagen (joué en alternance par deux toutous, mais sans aucun trucage numérique) d'une expressivité émotionnelle démente et dont la transformation de gentil compagnon en tueur impitoyable est renversante de réalisme.
Évidemment, on pourra lire de nombreuses métaphores dans cette "planète des chiens" (xénophobie, plaidoyer écolo ou revanche des damnés de la terre) mais ce sous-texte est plus un bonus qu'une béquille, le film se tenant très bien sur ses deux jambes narratives et la sidération provoquée par sa mise en scène.
Christophe Chabert