Le procédé, pas nouveau, a été décliné de nombreuses fois. Et fonctionne toujours. En gros, quand le public rentre dans la salle, on leur explique que les comédiens ne sont pas présents pour assurer la représentation, mais pas de soucis, on va s'arranger. Dans le fameux En attendant le Songe d'Irina Brook, les (faux) techniciens devaient ainsi jouer Le Songe d'une nuit d'été au pied levé, les interprètes, décors et costumes n'étant pas arrivés à temps. Jubilatoire (pour reprendre un adjectif usé jusqu'à la corde par pas mal de journalistes de la presse culturelle).
La compagnie Le Grenier de Toulouse abat elle une autre carte : celle de deux ouvreurs qui vont eux-mêmes camper tous les protagonistes d'Un fil à la patte, célèbre vaudeville de Feydeau, puisque les comédiens en ont justement marre de Feydeau – ils sont partis se frotter à une auteure jugée plus noble. Un canevas propice à tous les détournements, pour un spectacle drôle et parfaitement fidèle à l'univers du dramaturge français spécialiste des quiproquos et autres claquements de porte. Pierre Matras et Muriel Darras endossant le rôle d'amateurs, ils en font des caisses, caricaturant leurs personnages à l'extrême – notamment un clerc de notaire haut en couleur. Et offrent un excellent divertissement, agrémenté d'une petite réflexion sur le théâtre et ses conventions. Jubilatoire là aussi.
Aurélien Martinez
Un fil à la patte, samedi 17 janvier à 20h30, au Théâtre en rond (Sassenage)