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Ojoloco : "De l'éclectisme et de l'ouverture"
Par Charline Corubolo
Publié Mardi 15 mars 2016
Chocó
De Jhonny Hendrix Hinestroza (Col, 1h20) avec Karent Hinestroza, Esteban Copete...
En seulement quatre éditions, le festival Ojoloco, consacré au cinéma ibérique et latino-américain, a su marquer le paysage grenoblois. Alors que débutent au Méliès (mais pas que) ces deux semaines de festival, rencontre avec Aurélien Burgaud, membre actif de l'association organisatrice Fa Sol Latino. Par Charline Corubolo
Le festival Ojoloco est porté par l'association Fa Sol Latino, née d'une fusion de deux associations étudiantes en 2013. Le festival est donc entièrement géré par des étudiants ?
Aurélien Burgaud : Oui, c'est un festival étudiant, bénévole et collégial. Fa Sol Latino est la réunion de deux associations initialement de Sciences Po, mais aujourd'hui elle est ouverte à l'ensemble des étudiants. Avec Ojoloco, le but est de promouvoir le dialogue culturel, les échanges entre les sociétés latino-américaines et Grenoble. On a donc eu l'idée de faire un festival de cinéma.
C'est la quatrième édition du festival. Comment a-t-il évolué ?
La première édition a eu lieu en 2013. Il y avait, de tête, une trentaine de projections, toutes au Méliès. Aujourd'hui, c'est la quatrième édition et il y a de plus en plus de films, de rencontres, mais toujours avec une dynamique étudiante. Lors de la deuxième édition, on a commencé à investir la Cinémathèque ; aujourd'hui on a quatre soirées prévues là-bas. Et on a également des événements sur le campus, dans les bibliothèques...
L'idée est vraiment de faire grossir le festival depuis son centre, le Méliès, en s'ouvrant à un public plus large. En sachant qu'on reste un festival étudiant, donc on essaie de promouvoir le plus possible le contact étudiant que ça soit avec des conférences ou des thématiques qui puissent les intéresser.
Une autre évolution aussi : cette année, on a un invité d'honneur sur une semaine, alors que les années précédentes on avait uniquement des réalisateurs pour une soirée.
Il s'agit de Juan Padrón, que vous décrivez comme une « immense figure du cinéma d'animation cubain »...
Il n'est pas très connu en France mais c'est effectivement une figure du genre. Il s'est fait connaître avec un premier film dans les années 1980. C'est véritablement le père fondateur du cinéma d'animation cubain. On lui dédie une soirée carte blanche à la Cinémathèque. Il investit également l'École supérieure d'art et de design pour des ateliers, des conférences. On conserve cependant les soirées avec les réalisateurs, et cette année il y a un réalisateur par soir durant tout le festival. On n'en a jamais eu autant !
Il y a donc de plus en plus d'activités proposées durant le festival ?
Petit à petit on gagne en expérience, on collabore avec d'autres festivals, on cherche à se faire davantage plaisir, mais aussi à satisfaire le public. Les rencontres sont importantes parce que pour dialoguer avec les cultures latines, le mieux est de faire venir des films et de pouvoir en discuter après. Il y a aussi des intervenants universitaires.
On chercher à montrer à la fois les richesses, mais aussi les problématiques. Aller au-delà de la beauté des paysages et soulever les enjeux sociaux de ces pays. Les débats permettent de croiser les regards.
Comment se fait le choix de la programmation ? Seul le critère géographique compte ou vous affinez la sélection vers certains genres ?
Cette édition est vraiment placée sous le signe de l'éclectisme, du dialogue et de l'ouverture. On a fait évoluer la programmation en élargissant la sélection aux films portugais. Il y a plusieurs films portugais très bons qui sont sortis. On a aussi des relations avec des écoles de cinéma portugaises qui nous proposent des courts-métrages. Alors bien sûr, il y a le critère géographique mais c'est un prétexte, derrière la ligne artistique est double : on soutient le cinéma jeune et indépendant avec des premiers films, et le cinéma indépendant en général. Un cinéma que l'on peut retrouver au Méliès ou à la Cinémathèque, avec des films un peu exigeants dans le message transmis ou dans l'esthétique formelle. Par contre, on garde toujours la diversité, on se refuse à rester sur du cinéma exclusivement "élitiste".
Pour cette édition, on a des documentaires, des fictions, de la science-fiction, du patrimoine, du dessin animé pour enfant et adulte, des courts-métrages d'école afin de donner de la visibilité aux nouveaux arrivants, des coups de cœur aussi. L'objectif est vraiment de donner à voir des films qui n'auraient presque jamais eu la possibilité d'être diffusés à Grenoble, souvent pour des raisons commerciales. Par exemple, en 2015, on s'est battu pour Conducta, qui a été le prix du public, et il sort justement en salle pour le festival.
À Villeurbanne est en train de se dérouler Les Reflets, festival professionnel consacré également au cinéma ibérique et latino-américain. Comment vous situez-vous par rapport à eux ? Avez-vous des échanges ?
Les Reflets ont 30 ans d'expérience, ils ont des salariés, mais c'est vrai qu'on fait la même chose qu'eux. Depuis le début on a des contacts permanents dans le choix des films, la venue des réalisateurs, mais aussi avec d'autres festivals en France comme à Bordeaux, Marseille, Valence, Toulouse – c'est un circuit. Cependant, cette année, je crois qu'on n'a jamais été aussi libre dans le choix des films. Le programme est vraiment différent du reste du circuit. On se sent plus expérimentés pour proposer nos propres envies et nos coups de cœur, comme Chocó, Boi néon et La Obra del siglo.
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