Numéro étudiant / Exit les universités historiques Joseph-Fourier, Pierre-Mendès-France et Stendhal ; place à l'Université Grenoble Alpes, qui a fait sa première rentrée en septembre. Mais concrètement, ça change quoi ? On fait le point.
« Une grosse dose de fun, un soupçon de "chill", le tout arrosé de fun et de fête. » Dans le texte, publié notamment sur internet, la rentrée de l'Université Grenoble Alpes (UGA), inaugurée mi-septembre par le festival C'est Party, sonnait presque comme un aller simple pour Ibiza. Dans les faits, on remplacera la plage par la place centrale du campus et les nuits endiablées par une soirée concerts et foodtrucks, mais l'esprit était là. Et derrière l'ambiance festive de cette première journée d'accueil des étudiants, se jouait une première rentrée symbolique pour la nouvelle université, fusionnée depuis janvier 2016.
« Une nouvelle offre de formation »
Mais un changement de nom, une fusion et un nouveau logo, dans les faits, ça sert à quoi ? Concrètement, la fusion des universités permettra aux étudiants de faire leur choix dans une offre de parcours plus ouverte, comme l'explique Nicolas Lesca, vice-président en charge de la formation à l'UGA. « Les équipes pédagogiques des trois universités ont travaillé ensemble pour construire une nouvelle offre de formation, que nous devions renouveler cette année. Cela nous a permis de créer de nouvelles licences qui mêlent les disciplines, comme la licence physique et musicologie, offrant la possibilité aux étudiants de faire des études poussées dans les deux domaines, avant de choisir au terme de la licence vers lequel s'orienter. »
Un pont entre les disciplines facilité par la fusion et qui s'illustre donc avec de nouveaux parcours proposés aux étudiants, mais également avec les options, les ETC (enseignement transversal à choix). Ces ETC, qui se résumaient jusque-là en grande majorité au sport et aux langues étrangères, choisis par les étudiants en plus de leur cursus classique, se déclinent désormais dans une soixantaine de disciplines. Un menu à la carte, qui permet de piocher, peu importe sa filière, dans des disciplines liées aux sciences, aux technologies, à la santé, aux sciences humaines... Nicolas Lesca : « Un étudiant en philosophie pourra tout à fait choisir un ETC qui relève du domaine des sciences. »
Label et gros sous
Si la fusion est synonyme de décloisonnement, elle est également marquée par la volonté d'accroître la visibilité de l'université à tous les niveaux, du local à l'international. « L'intérêt de la fusion, c'est qu'on ne se regarde plus établissement par établissement mais tous ensemble, pour valoriser les compétences qui sont propres à Grenoble » continue Nicolas Lesca. Une volonté de fédérer les forces qui se met en place au sein de l'UGA, mais également plus largement au niveau de la Communauté Université Grenoble Alpes (Comue, pour Communauté d'universités et établissements) qui rassemble, entre autres, l'UGA, Grenoble INP, Sciences Po Grenoble, le CNRS ou encore le CEA.
Et pour qu'ensemble tout devienne possible (ou à peu près), cette communauté UGA pourra compter sur un atout de taille : l'Idex. Quatre lettres pour désigner le projet porté par la Comue pour faire reconnaître l'excellence scientifique et technologique de Grenoble et son potentiel d'innovation, et qui a été labellisé par le gouvernement au titre des « initiatives d'excellence » (Idex, donc), en janvier 2016. Un label qui s'accompagne d'une belle enveloppe de 13 millions d'euros (dans un premier temps), pour lancer différents projets qui prendront forme dès 2017, comme le développement de nouveaux outils pédagogiques tournés vers le numérique ou l'allocation de bourses de recherche.
Patrick Lévy, président de la Comue et coordinateur du projet : « La première rentrée de l'université fusionnée marque en quelque sorte la première étape de l'Idex, dont l'un des objectifs est de renforcer la coopération universitaire et scientifique. Tout se passe bien pour le moment, les personnels de l'université et les étudiants se reconnaissent dans la nouvelle identité de l'UGA, il y a un sentiment d'appartenance. » Une fusion aux petits oignons visiblement.