Théâtre / Il y a des atrocités humaines que les mots ne peuvent décrire, pourtant André Vovk a su trouver la formule pour raconter sa déportation lors de la Seconde Guerre mondiale. "Le Convoi" met ainsi en scène les écrits de cet homme à travers la voix de son fils, Dominique, accompagné par un autre comédien et une musicienne. Un récit de mémoire dur, mais indispensable.
« Même mes parents ont cru que je revenais d'un camp de vacances » : tels étaient les mots d'André Vovk, aujourd'hui repris par son fils Dominique Vovk dans la pièce Le Convoi. Comédien et metteur en scène de la compagnie 1605, il donne vie aux écrits de son père, déporté durant la Seconde Guerre mondiale et embarqué dans un de ces convois de la mort.
« Il aura fallu 26 ans à mon père pour tirer ce récit de sa mémoire, c'est-à-dire en 1971 alors qu'il travaille sur une plateforme pétrolière » raconte-t-il. Et c'est sur une scène sobre, habitée par la dureté des mots, que le récit de mémoire se déroule à deux voix : celle de Dominique Vovk incarnant son père André Vovk en 1971 et celle de Loïc Buisson dans la peau de ce même André Vovk presque 30 ans plus tôt. Deux voix accompagnées sur scène par le violoncelle de Marion Ferrieu.
Plus qu'une énième proposition sur la déportation, la narration personnelle devient ici universelle, témoignant des relations entre les déportés eux-mêmes, pour dresser une réflexion sur la survie. Récit historique et philosophique, Le Convoi demeure un voyage brutal où la lutte est autant physique que morale, mais s'avère nécessaire. Un témoignage important, transmis ici avec justesse.
Le Convoi
Au Théâtre municipal de Grenoble samedi 14 janvier à 20h